C'est toujours une expérience intéressante de voir,
longtemps après sa sortie, un film qui a marqué un genre au point de
devenir une référence, surtout si on a vu auparavant quelques-uns de ses
successeurs. C'était mon cas avec ce premier épisode des aventures de
Freddy, et je dois avouer que je m'attendais à voir un film plus
intéressant au troisième degré qu'au premier, ce qui n'est pas forcément
le cas.
Je pense qu'une bonne partie de mon lectorat connait l'idée de base qui
sous-tend la série : l'ignoble Freddy Krueger, avec son désormais mythique
visage de grand brûlé et ses non moins célèbres doigts-rasoirs (c'est
rigolo, parce qu'on était partis pour regarder Edward aux mains
d'argent à la base, et comme la cassette marchait pas, on s'est
rabattus là-dessus), hante les rêves des adolescents d'Elm Street. Pire,
il semble avoir une influence sur la réalité, à tel point qu'il trucide
fort joliment une demoiselle dans son sommeil. Pour son amie Nancy, il
s'agit maintenant de rester bien éveillée pour éviter le pire.
Ce qui est impressionnant dans ce film, c'est que, même copié et
caricaturé des dizaines de fois, même avec son esthétique années 80 un peu
datée et ses effets spéciaux parfois limite (voire même carrément
grotesque pour la disparition de Freddy à la fin), il parait dix fois plus
innovant que les navets d'horreurs qui sortent de nos jours. Maîtrisant
parfaitement le mélange de premier degré bêtement flippant et d'humour
distancié, il réussit aussi à ne pas être trop prévisible et à caser
quelques idées franchement bien venues (le principe de base du scénario,
bien sûr, mais aussi par exemple la pseudo-pendaison dans la cellule). Qui
plus est, l'utilisation de procédés certes classiques mais efficaces (jeux
de lumière, musique électronique objectivement nulle mais qui, je trouve,
colle très bien au film) aide le spectateur à se laisser absorber entre
deux bouchées de pop-corn.
Après, bien sûr, ça reste un film d'horreur, et celui-ci n'évite pas
certains défauts génériques : platitude de l'action dès qu'il n'y a pas de
suspense, scènes d'horreur trop étirées selon moi (même si ce sont les
plus intéressantes), en gros, le film aurait pu être deux fois moins long
et plus intense, ça ne m'aurait pas déplu. Et puis franchement, la fin est
foirée. Que Craven n'ai pas voulu faire un bête happy end mielleux,
pourquoi pas, mais là, ça tombe un peu n'importe comment.
Un petit film sympathique à ne pas prendre trop au sérieux donc. Je pense
que je ne serai jamais un grand fan de films d'horreur, mais disons que
celui-ci appartient à la catégorie que je peux regarder sans m'ennuyer
un jour où je ne trouve rien de mieux :-).
Roupoil, 13 juillet 2005.