La Fête du Cinéma, c'est aussi l'occasion de découvrir
sur grand écran des classiques intemporels (merci aux cinéma Art et Essai
du cinquième pour leurs choix toujours stimulant, d'ailleurs). Pour cette
année, on remonte très loin dans le temps avec les deux épisodes de
Frankenstein illustrés au début des années 30 par James Whale. Pour des
raisons d'organisation, je les ai vus dans le désordre, mais je vais
reprendre l'ordre historique pour mes critiques.
L'intrigue du film est une sorte de condensé de l'histoire écrite par Mary
Shelley, pas très fidèle si j'en crois certaines sources, mais l'esprit y
est : Victor Frankenstein, savant de son état, arrive au bout de ses
recherches sur la vie, et s'apprête à créer de toutes pièces un être
vivant à l'aide de petits morceaux prélevés sur des cadavres. Pour cela,
il s'isole quelque peu du reste du monde avec son assistant, et inquiète
grandement son père et sa fiancée.
Bien sûr, le sous-texte religieux qui devait être très important à
l'époque (l'homme qui a voulu concurrencer Dieu en créant de la vie est
justement puni) est un peu daté, mais le film brasse tout de même des
thèmes qui sont restés très actuels (les dangers de la science) et ont
même retrouvé toute leur force avec les histoires récentes de clonages et
autres OGM. Qui plus est, l'intrigue est suffisamment simple et
universelle pour passer l'épreuve du temps sans encombre (il n'y a qu'à
voir les adaptations plus récentes).
Pour le reste, il m'est toujours difficile de juger un film qui a près de
80 ans sur les mêmes critères que ceux qui sortent aujourd'hui. La mise en
garde sur la terreur que risque d'inspirer le film fait sourire, et même
la scène de meurtre est plus ridicule qu'autre chose. Quand au jeu des
acteurs et autres décors, ce n'est clairement pas le même cinéma. On peut
en tout cas reconnaitre que l'atmosphère recréée est assez sympathique,
que le personnage du monstre est réussi, et les quelques scènes d'action
(l'incendie final notamment) s'en sortent plutôt bien. Pour le reste, peu
de surprises, pas de grosses émotions non plus, ça se laisse regarder mais
ça manque un peu de piment.
On peut comprendre que le film ait été un fondateur du genre, avec sa
belle maitrise technique, mais il est évident qu'on a assez souvent fait
mieux depuis, et même pas la peine d'aller chercher très loin, puisque le
deuxième épisode mis en scène par Whale est déjà d'une tout autre tenue.
Rendez-vous à la critique suivante !
Roupoil, 7 juillet 2008.