Suite de mon tour des sorties cannoises, qui commencent
à se précipiter en ce mois de septembre où je n'ai pas vraiment le temps
de me précipiter pour aller au cinéma (ça tombe mal). Qui plus est, ce
deuxième film d'une réalisatrice anglaise que beaucoup comparent au Ken
Loach des débuts n'était pas vraiment celui qui m'attirait le plus dans
la sélection. Comme vous le savez, le cinéma social n'est pas vraiment
mon truc. Mais j'ai quand même fini par libérer un créneau...
Dans une banlieue brittanique sordide, nous sommes invités à suivre
pendant quelques jours (semaines ?) Mia, quinze ans, accent à couper au
couteau, un penchant pour l'alcool hérité de sa mère qui l'élève seule
avec sa petite soeur, et une passion pour la danse version hip-hop.
Quand sa mère se trouve un nouveau copain qui semble s'intéresser à
elle, Mia est malgré elle attirée par le beau gosse. Une percée de
soleil dans la grisaille, ou au contraire un pas de plus vers le gouffre
?
Il faut bien l'avouer, la vie décrite ici n'a rien de très joyeux, mais
la réalisatrice réussit quand même à y insérer des touches d'espoir et
d'amour assez inattendues et plutôt réussies. D'ailleurs, toutes les
scènes tournant autour de la relation ambiguë entre Mia et Connor sont
sûrement les plus réussies du film, portées par deux interprètes au
poil, notamment un excellent Michael Fassbaender.
Presque suffisant pour faire oublier un début de film tout de même très
poussif, avec quelques scènes qui manquent cruellement de conviction et
paraissent du coup curieusement artificielles (la tentative de viol à
laquelle Mia échappe, par exemple), défaut que l'on retrouvera
malheureusement lors de la dernière grande séquence dramatique, qui
semble tout simplement de trop (l'enlèvement est aux limites du
grotesque). D'autant plus qu'après ce curieux climax, on nous propose
une conclusion en forme d'échappatoire qui ne conlut finalement rien.
Bref, une construction du récit pas toujours très heureuse pour un film
qui, dans un genre que je n'apprécie guère, dispose pourtant de quelques
beaux atouts, notamment grâce à quelques belles images faisant ressortir
dans un décor sinistre une poésie inattendue. Le personnage principal
est également suffisamment attachant pour rendre le film accrocheur à
défaut d'être réellement passionnant. C'est d'ailleurs à un drôle de
constat que j'en suis réduit : alors que ces films "sociaux" pêchent
souvent par un manque d'intérêt dramatique, celui-ci n'est jamais
meilleur que quand il ne se passe rien...
Roupoil, 3 octobre 2009.