Femmes au bord de la crise de nerfs,

film de Pedro Almodovar (1988)



Avis général : 7.5/10
:-) L'exubérance toujours maitrisée d'Almodovar à ses débuts. Des actrices formidables. Et puis on se marre bien.
:-( Le scénario n'est pas franchement folichon. On ne s'attache pas vraiment aux personnages.

Je me plaignais lors de ma précédente critique Almodovarienne d'avoir du retard à rattraper sur les jeunes heures du cinéaste espagnol contemporain le plus reconnu ; eh bien, le hasard a voulu que j'en rattrape une partie lors d'une soirée pique-nique, transformée en matage de DVD suite à la mauvaise humeur du ciel parisien. Avec ce film, Pedro n'en est plus vraiment à ses débuts, mais ça a tout de même près de vingt ans...

Ca se passe en Espagne, comme d'habitude, et comme le titre l'indique, il s'agit surtout de femmes, bref rien d'inhabituel chez Almodovar. Le personnage principal est Pepa, en pleine crise suite à sa séparation avec Ivan. Ledit Ivan qui est au centre d'un imbroglio sentimental assez obscur, bien qu'on ne le voie jamais à l'écran. Seront mêlés dans les rocambolesques aventures de Pepa la femme d'Ivan, un peu timbrée, son fils larguée et sa copine ronchonne, sa maîtresse avocate féministe, une amie de Pepa planquée suite à ses aventures avec des terroristes chiites, et encore un chauffeur de taxi décoloré fan de mambo et une ou deux poules. Sans parler d'un gaspacho somnifère.

Pour peu qu'on apprécie l'univers d'Almodovar, on se sent tout à fait chez soi dans ce bazar un peu foutraque. C'est peut-être même, parmi toutes ses oeuvres que j'ai pu voir, la plus représentative de son style : personnages aux frontières du réel, mais attachants et campés par des acteurs (et surtout des actrices, mais une petite mention pour Banderas en minet à lunettes) formidables, un humour décalé qui fonctionne (quelques répliques mythiques, notamment la dernière, vraiment sortie de nulle part), des situations invraisemblables qui s'enchainent superbement, et une caméra qui au milieu de ce bordel traque le détail avec une précision surprenante.

Tout cela s'agence parfaitement pour donner une comédie inclassable, pleine de rythme et d'idées et, cerise sur le gâteau pour moi, ponctuée d'extraits de Rimsky-Korsakov, le bonheur. Un bémol ? Oui, et de taille ! Le film manque tout simplement, cruellement, de profondeur. L'intrigue, si on se penche dessus, est bien mince, et les personnages ne sont pas du tout creusés (on pourrait croire au début du film à un traitement spécial pour Pepa, mais on est detrompés par la suite). Almodovar s'est juste réapproprié les codes du vaudeville, en s'amusant comme un petit fou. Coup de chance, c'est très contagieux. Mais ça n'ira pas plus loin.

Roupoil, 5 août 2006.



Retour à ma page cinema