Dans la famille Coen, je demande les frères !
Indissociables depuis leurs premières tentatives il y a une vingtaines
d'années, les frangins sont désormais devenus des figures incontournables
du cinéma américain dit indépendant, comme leur récent couronnement aux
Oscars le montre bien. Sur leur douzaine de films à ce jour, un certain
nombre ont déjà fait leur apparition sur cette page, continuons donc la
série avec un de leurs plus grands classiques.
Jerry Lundegaard est un loser total, il n'y a qu'à le regarder pour le
voir. En proie à de gros problèmes d'argent, et avec un beau-père
richissime mais peu enclin à l'aider, il met au point un plan diabolique :
il fait enlever sa femme par deux malfrats du coin et demande une énorme
rançon à beau-papa. Tout ne va pas exactement se dérouler comme prévu...
Ah, le bonheur de se retrouver devant un film des frères Coen, et leurs
cadrages hyper soignés, leur utilisation parfaites des décors... Ils
testent ici le film en noir et blanc : noir pour le fond, une histoire
finalement assez banale d'enlèvement et de meurtres, blanc pour la forme,
sur fond de paysages enneigés de l'Amérique profonde. C'est beau, et rien
que pour ça, on ne regrette pas d'avoir vu le film (notons au passage une
fort belle musique aussi pour accompagner le tout).
Pour le reste, c'est égalemet très coenien, tout l'intérêt se situant dans
le décalage prononcé des quelques principaux protagonistes et dans
l'humour très spécial des dialogues. Les détracteurs pourront leur
reprocher, non sans raison, d'ériger en système ces quelques
caractéristiques et d'être à deux doigts de tomber dans la facilité par
moments, mais leur galerie d'américains moyens, tous pathétiques d'une
façon ou d'une autre, est tout de même excellente, et qui plus est fort
bien interprétée par quelques habitués des frères Coen, le "couple"
Buscemi-Stormare en tête.
Bref, pour peu qu'on aime, on se fait bien plaisir avec ce film, qui est
un peu la quintessence du cinéma des frangins (leur dernier succès, No
country for old men, y fait d'ailleurs souvent penser). Bien que
considéré comme culte par beaucoup, je ne considère pas que ce soit un
film qui marque énormément. Simplement un très bon moment de cinéma.
Roupoil, 27 avril 2008.