Eternal sunshine of the spotless mind,

film de Michel Gondry (2004)



Avis général : 6/10
Poucentage gozu : 1%
:-) Le procédé narratif est excellent et permet de donner un relief étonnant à une histoire somme toute banale. Les acteurs sont très bons.
:-( L'émotion n'est là que par moments. L'histoire parallèle de la secrétaire parasite plus qu'elle n'enrichit la romance principale.

La palme du titre le plus long de l'année reviendra peut-être à Michel Gondry, mais bon, ce n'est pas pour cela que je suis allé voir ce film. Pour ne pas le cacher, j'y suis allé essentiellement à la vue d'un nom au générique, celui de Charlie Kauffman. Au moins, avec ce zigoto-là, on est sûr ne pas être déçu par une histoire déjà vue cent fois ailleurs. Et de fait...

Joel, gentil américain moyen qui ressemble à un ado attardé (normal, c'est Jim Carrey ;-) ), se réveille au matin de la St-Valentin l'air un peu patraque. Forcément, il vient de rompre avec sa copine. Sur le chemin du boulot, il décide soudain de se jetter dans le premier train venu, et rencontre sur une plage déserte une jeune femme aussi surprenante que ses cheveux « Bleu Ruine ». D'autant plus étrange qu'il s'agit en fait de la copine qui l'a largué trois jours avant puis l'a effacé de sa mémoire grâce à une technique révolutionnaire, avant qu'il ne décide lui-même d'en faire autant.

Un peu abracadabrant comme point de départ, mais à l'écran, ça passe très bien. Gondry ne cherche pas du tout à tirer son film vers la science-fiction, au contraire, ces histoires d'effacement de mémoire ne sont que le prétexte à un long flash-back déroulant l'histoire de Joel et Clementine à reculons, en s'attardant sur les moments les plus forts de leur relation.

Justement, et pour commencer par les défauts, puisque l'aspect délirant du scénario n'est pas le principal attrait du film, il aurait peut-être été préférable de ne pas mettre ces petits effets visuels et ne pas insister à la fin de chaque souvenir sur la disparition progressive de la mémoire. Dans tout ce qui ressemble ensuite à une course-poursuite, rien n'est plus réussi que les moments les plus simples, comme la scène où Jim Carrey et Kate Winslet (tous les deux en grande forme, que ceux qui croient Carrey incapable de faire autre chose que des grimaces aillent voir ce film, ils vont changer d'avis) sont allongés sur la glace à regarder les étoiles. Mais on a l'impression que Gondry ne peut pas se contenter d'illustrer simplement cette belle histoire d'amour. Il s'agite pas mal, diversifie autant qu'il peut, et fait d'ailleurs parfois mouche (les scènes où Joel remonte à sa petite enfance sont assez hilarantes). Mais du coup, on se disperse un peu, et le film y perd en force émotionnelle.

Autre point noir à mon avis, les singeries en parallèle des pseudos-scientifiques qui traitent Joel. D'une part, ils sont totalement caricaturaux, mais surtout on se fiche pas mal de leur vie, qui certes influence fortement le scénario, mais ne l'enrichit pas du tout. Plutôt que de me farcir Kirsten Dunst draguant lourdement son patron (il a bien de la chance, à son âge, ceci dit), j'aurais préféré que la fin soit laissée ouverte, avec un effacement réussi des deux côtés et une sorte de seconde chance laissée au couple. Enfin bon, je ne suis pas scénariste à Hollywood, et pour une fois que l'histoire n'est pas convenue, je ne vais pas trop me plaindre non plus.

Mais tout de même, je reste un peu frustré. On a là un beau film, une bonne histoire, de bons acteurs, tout ce qu'il faut pour être enthousiaste, et pourtant, on ne l'est pas. La faute à des détails peut-être, mais qui suffisent à me faire penser que, pour sympathique qu'il soit, ce film n'est encore qu'un brouillon audacieux des futurs grands films que nous réserve Gondry.

Roupoil, 7 novembre 2004



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