Erin Brockovich,

film de Steven Soderbergh (2000)



Avis général : 6.5/10
:-) Une réalisation extrêmement soignée, Julia Roberts qui crève l'écran, et des répliques qui font souvent mouche.
:-( C'est un peu trop lisse pour être totalement crédible, notamment du côté vie sentimentale.

Steven Soderbergh est un excellent exemple de la fabuleuse capacité de récupération de talents du système hollywoodien : repéré avec une palme d'or pour un film pas franchement grand public (Sexe, mensonges et video), réalisateur ensuite d'oeuvres carrément expérimentales pendant quelques années, il se retrouve vingt ans plus tard à réaliser du nanar à la chaine avec plein de stars à l'affiche (la série des Ocean's). Entre temps, il a joué dans la catégorie film hollywoodien sérieux (aussi appelé film à oscars), notamment avec cette biographie romancée avec Julia Roberts en tête d'affiche.

Erin Brockovich, c'est un femme qui ne s'en laisse pas compter. Vivant seule avec ses deux enfants et sans boulot, elle se fait en plus emboutir par un chauffard, puis perd le procès qui s'en suit après avoir insulté le jury en pleine audiance. Qu'à cela ne tienne, elle fait le forcing auprès de son avocat pour qu'il lui file un boulot. Une fois installée (incrustée ?) dans son cabinet, elle se lance dans l'approfondissement d'un sombre dossier de pollution d'eau au chrome dont la liste de victimes va s'allonger de jour en jour.

Ce film est inspiré d'une histoire vraie, gnagnagna, y a même la vrai Erin qui joue dans le film, on vous dit pas à quel point on se fout pas de la gueule du monde. Je ne suis pas trop fan en général de ce genre de projet, et qui plus est je n'aime pas Julia Roberts, ça paraissait mal parti. Et pourtant. Commençons par corriger le tir en ce qui concerne l'actrice principale : elle est tout à fait à la hauteur, et porte même son rôle pendant tout le film de façon assez impressionnante. Il faut dire que le personnage a du caractère et un sacré sens de la répartie. Quelques répliques sont d'ailleurs suffisamment énormes pour provoquer une bonne grosse explosion de rire, mais si on était mesquins, on dirait bien que c'est un peu trop bien placé pour être aussi authentique que ce que le film ne veut bien le prétendre.

C'est d'ailleurs sûrement le principal défaut du film : lisser au maximum cette histoire pour en faire un authentique ... film hollywoodien. Certes, on ne va pas reprocher à Soderbergh de filmer avec classe (tiens, on n'aurait pas vu le même genre de couleurs dans son Traffic, d'ailleurs ?), mais le tout est un peu trop léché pour vraiment prendre aux tripes. Dans le genre, le personnage du boyfriend d'Erin est beaucoup trop caricatural pour justifier les incursions fréquentes et assez insipides dans la sphère de la vie privée.

En fait, eu lieu d'une charge violente et acide (qui est là sur le fond, mais pas du tout dans la forme), Soderbergh a réalisé un joli playdoyer un poil mou du genou. Ca reste tout à fait regardable (encore une fois, c'est techniquement très maitrisé), mais il y aurait sûrement eu moyen sur le même sujet de faire un film plus tranchant.

Roupoil, 20 janvier 2008



Retour à ma page cinema