Comme je le disais en préambule de mon autre critique
du jour (le Robin des bois de Ridley Scott), il y a maintenant
un an que je décidai de me farcir, à leur sortie, tous les films de la
sélection cannoise 2009. Un an plus tard, donc, 19 des 20 films en
question sont sortis chez nous (on attend toujours le Map of the
sounds of Tokyo d'Isabel Coixet) et je n'ai pas tout à fait
respecté mon engagement puisqu'après avoir fait l'impasse sur Tsai
Ming-Liang, Mendoza et Lou Ye (toujours aussi fan de cinéma asiatique,
le Roupoil), j'aurai vu 16 des 19 films à la fin de la projection de cet
Enter the void qui, je l'avoue, attisait pas mal ma curiosité
au vu des réactions très tranchées qu'il provoque depuis sa sortie.
J'aurai vu 16 films, disais-je ? Ah ben non, en fait seulement 15 un
tiers, dans la mesure où Enter the void a rejoint le
Démineurs de Kathryn Bigelow dans la catégorie des films
laissés en cours de route sous peine de repeindre couleur vomi le siège
à côté de moi. Le film débute en effet avec une demi-heure de caméra
subjective (et réellement subjective, puisqu'on voit vraiment tout par
les yeux du personnage principal), à laquelle j'ai survécu de façon
assez inattendue, mais qui m'a mis dans un tel état que je ne pouvais
plus vraiment laisser mon regard sur l'écran quand ça a commencé à
devenir regardable selon mes standards. J'ai donc rapidement laissé
tombé.
Dommage ? Pas sûr... Pour ce que j'en ai vu, le délire de Noé est une
grosse bouse prétentieuse sans aucun véritable intérêt
cinématographique. Cela débute par un générique stroboscopique
totalement inregardable et assez pénible pour les yeux. Puis vient la
fameuse séquence en subjectif, peut-être un exploit technique, mais qui
ne raconte pas grand chose. Oscar est un junkie vivant à Tokyo et pour
lequel sa soeur s'inquiète. En gros, voila comment on peut résumer cette
introduction, coupée par une séquence de trip où Noé semble filmer une
fractale aux couleurs flashy pendant 10 minutes, séquence complètement
grotesque. Ensuite, Oscar meurt flingué par la police locale, et on suit
son âme se ballader dans Tokyo et observer les autres protagonistes de
l'histoire, alors qu'on en apprend plus sur son passé par le biais de
flash-backs. Pour le peu que j'ai vu de tout ça, c'est techniquement
fatigant (ok, traverser les murs c'est fun, mais être en permanence en
vue du dessus, bof), scénaristiquement glauque (la drogue et le cul sont
les sujets préférés de Noé, c'est le cas de beaucoup d'autres personnes,
mais ça ne fait pas un film) et globalement assez moche.
Bref, pas vraiment tenté d'essayer de voir la fin du film d'une façon ou
d'une autre, ni de retenter une expérience Noé dans les années à venir.
Ca ressemble même franchement à une grosse arnaque : on nous vend du
cinéma révolutionnaire, et au final on a juste un trip égocentrique d'un
ado attardé dont beaucoup peineront sûrement à rejoindre le monde
d'ailleurs peu attirant.
Roupoil, 24 mai 2010