Ca fait bien longtemps que je n'étais pas allé voir un
film français au cinéma (et donc que je n'avais pas commencé à dire du mal
sur les films français dans mon intro). Mais pour éviter de m'étendre une
fois de plus sur la pauvreté de notre cinéma national qui peine
terriblement à se renouveler, je tente une nouveauté, le Dupontel. On me
l'a déjà garanti, ça ne ressemble à rien. Très bien, ce sera toujours ça
de pris.
Un paumé (joué par Dupontel) qui squattait jusque là les dessous de
bretelles d'autoroute tombe un beau jour sur l'uniforme d'un flic
suicidaire. Quelques heures plus tard, il est transformé, pour le meilleur
et pour le pire, en agent au service du maintien du désordre et de la
veuve et de l'orphelin, ou plutôt la vendeuse de sex-shop qui tente de
récupérer la garde de son bébé. Un magnat de la banque unbrin véreux va
être mêlé à tout ça bien malgré lui.
Dès le début du film, on est effectivement projeté (c'est le cas de le
dire) dans un univers bien différent de celui qu'on a l'habitude de
croiser dans la comédie française. Décors inattendus (l'ami Dupontel a
apparemment un faible pour les squats), musique tonitruante (un poil
pénible à la longue) et un humour très physique, à grands coups de
cascades impressionnantes (et très drôles, même si là aussi la répétition
finit par lasser). Rien que pour cette originalité et l'énergie dépensée,
le dernier Dupontel vaut le détour.
Pour le reste, il faut bien l'avouer, c'est un peu inégal. Les personnages
sont assez rigolos dans l'ensemble, même si très peu creusés (on n'est pas
là pour ça), ce qui en fait des caricatures de loufdingues sympas (tous
les clodos et assimilés) ou de pourris complets (les hommes d'affaires).
On sent bien derrière ce manichéisme facile une volonté de fustiger
quelques aspects peu reluisants de notre société moderne, mais l'essai
n'est que partiellement transformé, Dupontel créant plus de rire que de
réflexion chez le spectateur. Quand à l'amourette grotesque, elle est
pleine de bons sentiments, ce qui n'est pas vraiment un compliment ici car
ça détone pas mal avec le reste.
C'est sûrement assezinévitable quand on fait un filmaussi foutraque que
celui-ci d'obtenir un résultat inégal. Un peu dommage tout de même car sur
certains aspects le film est très réussi (je le répète encore une fois,
les gags à base de cascades sont énormes). Si vous n'avez jamais testé de
Dupontel, essayez, ça vaut le coup d'oeil.
Roupoil, 11 avril 2006