Elephant Man,

film de David Lynch (1980)



Avis général : 8.5/10
:-) Une histoire au fond classique sur la tolérance, mais tellement émouvante, et parfaitement mise en scène.
:-( Des petites longueurs de temps à autres.

Suite à ma déception à la vue du dernier Lynch, mais également à cause de mon admiration sans borne pour son précédent film, je me suis dit qu'il était grandement temps que je me plonge un peu plus avant dans la filmographie du monsieur. Pour ne pas tenter le diable, retour sur un film "classique", tellement d'ailleurs qu'on est presque surpris qu'il soit signé Lynch, et qui plu est que ce soit son deuxième film. La valeur n'attend pas le nombre des années, certes...

Elephant man, c'est le surnom donné à John Merrick, à cause de la terrible difformité dont il est victime depuis sa naissance (et apparemment provoquée par la rencontre un peu abrupte entre sa mère et un éléphant). Il est montré comme phénomène de foire par un certain Bytes, auquel l'enlève le jeune docteur Treves. L'intérêt de ce dernier semble dans un premier temps purement médical, mais il finit par se rendre compte que Merrick, loin d'être un idiot, est un homme raffiné et cultivé. Pourra-t-il pour autant s'intégrer à la société londonienne ?

Le film développe de façon finalement assez prévisible sa réflexion sur la tolérance, des cris de terreur des premières personnes à voir le visage de Merrick à l'hôpital (belle idée au passage de cacher ce visage au spectateur pendant les vingt premières minutes du film pour attiser sa curiosité) à son amitié avec Treves et une actrice de théâtre qui finira par, enfin, lui permettre de se montrer au grand jour. On peut même regretter que Lynch n'insiste pas plus sur l'ambiguïté du rôle de Treves (tout de même suggérée dans quelques scènes) qui finit par devenir presque trop bon au vu de sa froideur initiale. On n'est pas loin de tomber dans le manichéisme.

Mais si Lynch reste relativement conventionnel dans sa narration, c'est tout simplement qu'il peut se le permettre. L'histoire en elle-même est très émouvante, et la forme tout simplement parfaite : noir et blanc impeccable, une manière de filmer les couloirs de l'hôpital qui suffit à instaurer une ambiance prenante, des acteurs convaincants (Hopkins réussissant justement à faire passer sur son visage cette ambiguïté que le scénario a adoucie), une musique très bien intégrée, et tout simplement quelques scènes qui font monter les larmes. On pardonne même l'escapade sur le continent qui n'est à mon sens pas très bien insérée dans le récit (il y a par ailleurs quelques autres petites longueurs) puisqu'elle est le préambule à la fabuleuse scène de la gare et à ce cri du coeur de Merrick (I am a man) qu'on n'est pas près d'oublier.

Finalement, le terme de classique convient bien au film. Lynch y limite essentiellement les expérimentations visuelles au générique, et pour le reste se contente de maitriser totalement un très beau sujet. Une belle leçon de cinéma pour ceux qui pensent que le monsieur n'est capable que de faire des films incompréhensibles pris pour des chefs-d'oeuvre par une bande d'illuminés.

Roupoil, 25 mars 2004



Retour à ma page cinema