Vous l'attendiez tous impatiemment puisqu'il s'agissait à
peu de choses près du dernier Burton manquant à ma collection (il manque
sur ce site des critiques de Mars attacks et de la Planète
des singes que je n'ai pas vus depuis trop longtemps, et du tout
premier de ses films, l'assez méconnu Pee-Wee), je me suis enfin
décidé à voir Ed Wood. Reste plus qu'à regarder maintenant un
film d'Ed Wood, il y a moyen que ce soit assez intéressant aussi, même si
pas pour les mêmes raisons.
Edward Wood est un jeune homme qui de loin pourrait presque passer pour
normal. Il a une copine un peu blonde et il a l'air lui-même un brin
niais, mais rien de plus. Si l'on ajoute qu'il aime porter des
sous-vêtements féminins, déjà c'est plus curieux. Mais lorsqu'on apprend
qu'il est recruté pour tourner un film basé sur la vie d'un transsexuel,
on s'inquiète carrément. On a raison : malgré la présence d'un Bela
Lugosi, le film sera une invraisemblable catastrophe. Ce qui n'empêchera
pas Wood de récidiver, sans jamais réussir à lancer sa carrière
hollywoodienne.
L'idée même du film peut sembler assez farfelue. Pourquoi diable aller
consacrer une oeuvre à Ed Wood, réalisateur minable qui serait resté dans
l'oubli qu'il a connu toute sa vie s'il n'avait eu l'honneur d'être nomme
pire cinéaste de tous els temps ? Mais voilà, dès qu'on sait que c'est
Burton sui s'en charge, avec Depp dans le rôle titre, on est prêts à
foncer voir ce que ça peut donner. Et de fait, ce film ne ressemble pas à
grand chose de connu. Burton a fait le choix du noir et blanc (magnifique)
et se cantonne à une intrigue linéaire fidèle à ce que l'on sait de la vie
du défunt Wood. De fait, celle-ci est assea hors normes pour permettre de
remplir un long métrage que l'on suit sans s'nnuyer une seconde, avec bon
nombre de moments de rigolades à des degrés divers et variés, tant les
péripéties de tournage et autres sont incongrues.
Et pourtant, même si l'on passe un agréable moment, j'ai été un tout petit
peu déçu. Tout simplement, ce film, aussi bon soit-il, n'est pas pour moi
un "vrai" Burton, au sens où on n'y retrouve pas vraiment l'imagination
délirante et la délicate poésie qui font le génie de certaines de ses
oeuvres. J'ai un peu l'impression qu'au lieu de "burtoniser" un sujet
éventuellement banal comme il a pu le faire récémment dans Charlie et
la chocolaterie (bon, qualifier le bouquin de Dahl de banal est
exagéré, j'admets), il s'est cette fois-ci contenté de choisir un sujet à
fort potentiel bizarroïde et de l'illustrer de façon assez classique.
D'ailleurs, et même si on va encore me dire que je fais plus attention aux
sons qu'aux images quand je vois un film, je trouve le choix d'Howard
Shore en lieu et place d'Elfman pour la BO très révélateur. Si Shore
compose un partition sympathique, il n'y a pas la formidable adéquation
entre son et image qu'on a dans les collaborations Burton-Elfman.
Enfin bon, n'exagérons rien tout de même, ce film est très intéressant. En
plus, il permettra peut-être à ceux qui ne sont pas des fans
incontournables de Mr Tim de juger à sa juste valeur le cinéaste :
réalisation irréprochable, et surtout direction d'acteurs époustouflante
(un chapeau tout particulier à Martin Landau dans le rôle de Lugosi, mais
tout le casting fait des merveilles). On a beau dire, mais ce garçon est
quand même sacrément doué.
Roupoil, 9 mars 2006