James Bond contre Dr No,

film de Terence Young (1962)



Avis général : 4/10
:-) Le charme des interprètes, le mythe James Bond en route, avec notamment son immortel thème musical.
:-( Le manque de moyens criant, le scénario très léger, les scènes d'actions très limitées, les dialogues moyens.

Une fois n'est pas coutume, commençons cette critique par une râlerie en règle. Pourtant, l'occasion était plutôt propice aux réjouissances, puisqu'en ce jour inaugural de Fête du Cinéma, ce mirifique site web fête son cinquième anniversaire. Mais seulement voila, ladite Fête du Cinéma, de vingt ans plus vieille que ma page web, a aussi décidé de célébrer à sa façon, à savoir en devenant encore un peu plus la Fête du fric. "Deux fois plus long", clament les affiches. Deux fois plus cher, observent les moins pigeons d'entre nous. Autant dire que cette année, la Fête a perdu toute son âme, et donc son charme. Où est passé le plaisir d'enchainer quinze séances en trois jours, en courant d'un cinéma à l'autre au fil de séances casées au millimètre, en réservant les films d'auteur les plus difficiles d'accès aux séances matinales pour ne pas s'endormir devant après dix heures passées devant les écrans ? Bref, j'ai longuement hésité, cette année, à boycotter purement et simplement la manifestation, ce que je ferai sans remords l'an prochain, quand la durée sera revenue à trois jours mais que les tarifs resteront les mêmes que cette année (on la sent tellement venir à cent kilomètres, cette arnaque grossière, qu'on serait presque déçus si on n'y avait pas droit).

Bref, trève de bavardages au menu de jour, un James Bond, un vrai, le premier de tous, sur grand écran et ... dans une VF assez immonde (comment ai-je fait pour ne pas faire attention à ça ?), ce qui rajoute encore un peu au côté kitschouille de la chose. Bond, James Bond, donc, est envoyé par son pays enquêter en Jamaïque sur une sombre histoire de brouillage de missiles. Il y croise des joies filles (normal), des gens qui veulent le tuer (normal aussi) et finit par diriger son enquête vers le grand méchant Docteur No, qui, vous l'aurez compris avec un nom pareil, est un sale traitre jaune. Parce que quand même, il y a de la politique là-dessous, avec des gentils grands-bretons et ricains, et des méchants ... euh, ben tous les autres sont méchants non ?

Je parlais de kitsch tout à l'heure, mais tout bien considéré, je ne suis pas sûr que ce soit le mot qui convienne. En fait, ce premier opus des aventures du plus célèbre des agents secrets est plutôt "cheap". Tous les éléments de la mytholodie bongienne sont déjà là : la classe très british du héros, son caractère d'irréductible séducteur, le mélange d'action et d'humour, et même les vodka-martini. Mais tout est en mode "pauvre" : le scénario est hyper linéaire, truffé d'incohérence et d'invraisemblances et illustré avec assez peu de rythme, les dialogues ne vont pas chercher très loin (malgré quelques répliques savoureuses), et les scènes d'action sont à la limite du pitoyable (les gadgets ne sont pas encore là, et les quelques poursuites font peur). Même une scène mythique comme l'arrivée d'Ursula Andress (très belle, mais franchement bof en tant qu'actrice) en bikini sur la plage prête un peu à sourire.

Finalement, on se demande un peu comment cette première tentative, objectivement assez médiocre, a réussi à lancer la carrière de Bond au cinéma, dans la mesure où l'essentiel de son intérêt, quelque cinquante ans après sa sortie, est d'y voir les prémisses de ce que deviendra la saga par la suite. Sans vouloir faire l'apologie du cinéma clinquant comme Hollywood a pu en faire sans interruption depuis un bon moment maintenant, cette vieillerie manque cruellement de contenu.

Roupoil, 27 juin 2009.



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