Pour alterner un peu avec les films récents (quoique, vu
le peu de sorties intéressantes ces temps-ci, je n'en voie pas tant que
ça), un bon vieux classique en noir et blanc des années 50. Je l'avais
déjà vu, mais je suis incapable de me souvenir à quelle occasion. En tout
cas, j'en avais plutôt gardé une bonne impression, à confirmer cette
fois-ci.
Les douze hommes du titre sont ceux constituant un jury populaire lors du
procès pour meurtre d'une jeune noir défavorisé. On ne voit pas une seule
image du procès, mais les quelques allusions qui y sont faites laissent
entendre que la cause est entendue, tant les preuves sont accablantes.
Pourtant, un des jurés s'oppose à une décision rapide, au nom du respect
de la vie humaine. D'abord criiqué par une partie du groupe, il arrive à
convaincre d'autres personnes que certains détails dans le dossier n'ont
pas été assez approfondis.
Tout le film n'est au fond qu'une démonstration, brillante mais un peu
systématique. Attetntion, ne vous attendez pas à une résolution d'énigme
policière à la Agathie Christie. Certes, il est périodiquement apporté des
éléments mettant en doute la culpabilité du suspect, mais dans la mesure
où il nous manque beaucoup d'informations sur l'affaire et où de toute
façon le seul intérêt de la remise en cause est de faire douter le jury et
absolument pas de trouver le coupable, ce n'est pas vraiment l'aspect le
plus intéressant du film. D'ailleurs, certains arguments sont franchement
à la limite du foireux, comme le coup des lunettes sur la fin.
La démonstration dont je parlais plus tôt, c'est en fait celle de la
fragilité du système judiciaire, et de sa vulnérabilité aux préjugés des
jurés. La grande force du film, c'est d'avoir réussi une galerie de jurés
profondément humains et crédibles, bien qu'un peu caricaturaux et parfois
assez abjects. Mais même quand le film pousse le bouchon assez loin
(notamment lors d'un discours ouvertement xénophobe), on y croit hélas
totalement, deux ou trois scènes ou bouts de dialogue en début de film
ayant suffi à cerner presque tous les protagonistes. Il fallait bien
évidemment des acteurs talentueux pour interpréter ces rôles pas faciles,
la brochette réunie (avec très peu de stars) est impressionnante.
Le film n'est tout de même pas exempt de défauts. Le plus évident est le
côté extrêmement théâtral de l'oeuvre : tout se passe en huis-clos, et ce
ne sont pas les petites reconstitutions qui agrémentent le tout qui
amènent beaucoup d'action. Le seul intérêt d'avoir mis ça sur pellicule,
c'est qu'on peut le regarder tranquille dans son canapé (ce qui, en ce qui
me concerne, est pas une bonne raison :-) ). Et puis bon, c'est un peu
démonstratif parfois. Certes c'est le but, mais ça se voit un peu par
moments. Le principal défaut dans ce genre, c'est bêtement le personnage
principal, qui est sûrement le moins crédible du lot, tout bonnement car
il est trop incorruptible, intelligent et qu'il a toujours un argument de
rab à sortir de sa poche au moment opportun, dont on se dema,nde pourquoi
il n'en a pas parlé avant. La scène d'énervement où le vilain finit par
lui dire qu'il va le tuer ne me convainc pas non plus, trop facile et
annoncée.
Mais dans l'ensemble, on se laisse tout de même embarquer sans résistance.
Et on en ressort peut-être plus pessimiste sur la capacité des humains à
gérer correctement leurs problèmes (pas que j'étais très optimiste à la
base sur ce sujet, mais bon). Pas très subtil, mais très très efficace.
Roupoil, 13 janvier 2006.