Douze hommes en colère,

film de Sydney Lumet (1957)



Avis général : 7.5/10
:-) Une interprétation formidable, une construction dramatique efficace même une fois que le suspense a disparu. Des personnages ordinaires crédibles.
:-( Un peu démonstratif, même si c'est le principe. Et puis bon, c'est pas loin d'être du théâtre filmé.

Pour alterner un peu avec les films récents (quoique, vu le peu de sorties intéressantes ces temps-ci, je n'en voie pas tant que ça), un bon vieux classique en noir et blanc des années 50. Je l'avais déjà vu, mais je suis incapable de me souvenir à quelle occasion. En tout cas, j'en avais plutôt gardé une bonne impression, à confirmer cette fois-ci.

Les douze hommes du titre sont ceux constituant un jury populaire lors du procès pour meurtre d'une jeune noir défavorisé. On ne voit pas une seule image du procès, mais les quelques allusions qui y sont faites laissent entendre que la cause est entendue, tant les preuves sont accablantes. Pourtant, un des jurés s'oppose à une décision rapide, au nom du respect de la vie humaine. D'abord criiqué par une partie du groupe, il arrive à convaincre d'autres personnes que certains détails dans le dossier n'ont pas été assez approfondis.

Tout le film n'est au fond qu'une démonstration, brillante mais un peu systématique. Attetntion, ne vous attendez pas à une résolution d'énigme policière à la Agathie Christie. Certes, il est périodiquement apporté des éléments mettant en doute la culpabilité du suspect, mais dans la mesure où il nous manque beaucoup d'informations sur l'affaire et où de toute façon le seul intérêt de la remise en cause est de faire douter le jury et absolument pas de trouver le coupable, ce n'est pas vraiment l'aspect le plus intéressant du film. D'ailleurs, certains arguments sont franchement à la limite du foireux, comme le coup des lunettes sur la fin.

La démonstration dont je parlais plus tôt, c'est en fait celle de la fragilité du système judiciaire, et de sa vulnérabilité aux préjugés des jurés. La grande force du film, c'est d'avoir réussi une galerie de jurés profondément humains et crédibles, bien qu'un peu caricaturaux et parfois assez abjects. Mais même quand le film pousse le bouchon assez loin (notamment lors d'un discours ouvertement xénophobe), on y croit hélas totalement, deux ou trois scènes ou bouts de dialogue en début de film ayant suffi à cerner presque tous les protagonistes. Il fallait bien évidemment des acteurs talentueux pour interpréter ces rôles pas faciles, la brochette réunie (avec très peu de stars) est impressionnante.

Le film n'est tout de même pas exempt de défauts. Le plus évident est le côté extrêmement théâtral de l'oeuvre : tout se passe en huis-clos, et ce ne sont pas les petites reconstitutions qui agrémentent le tout qui amènent beaucoup d'action. Le seul intérêt d'avoir mis ça sur pellicule, c'est qu'on peut le regarder tranquille dans son canapé (ce qui, en ce qui me concerne, est pas une bonne raison :-) ). Et puis bon, c'est un peu démonstratif parfois. Certes c'est le but, mais ça se voit un peu par moments. Le principal défaut dans ce genre, c'est bêtement le personnage principal, qui est sûrement le moins crédible du lot, tout bonnement car il est trop incorruptible, intelligent et qu'il a toujours un argument de rab à sortir de sa poche au moment opportun, dont on se dema,nde pourquoi il n'en a pas parlé avant. La scène d'énervement où le vilain finit par lui dire qu'il va le tuer ne me convainc pas non plus, trop facile et annoncée.

Mais dans l'ensemble, on se laisse tout de même embarquer sans résistance. Et on en ressort peut-être plus pessimiste sur la capacité des humains à gérer correctement leurs problèmes (pas que j'étais très optimiste à la base sur ce sujet, mais bon). Pas très subtil, mais très très efficace.

Roupoil, 13 janvier 2006.



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