L'imaginarium du Docteur Parnassus,

film de Terry Gilliam (2009)



Avis général : 5.5/10
:-) Des scènes aux couleurs chatoyantes vraiment étonnantes. Une fantaisie inégalable.
:-( La confusion assez généralisée dans le scénario et même par moments dans la réalisation.
Pourcentage gozu : 2%

Je ne vais pas commencer cette critique en prétendant que tout nouveau film de Gilliam est un événement, d'une part parce que j'ai déjà fait le coup la dernière fois que je suis allé en voir un au ciné (les Frères Grimm, déjà avec Ledger en tête d'affiche), mais surtout parce qu'il faut bien admettre que le bon vieux Terry n'a plus tout à fait l'aura qu'il avait pu conquérir lors des décennies précédentes avec notamment ses oeuvres de science-fiction barrées devenues cultes pour nombre d'entre nous. Si celle-ci a eu une publicité inespérée, c'est via le décès de son acteur principal en plein tournage (péripétie presque banale pour un tournage de Gilliam), remplacé par pas moins de trois stars pour les scènes inachevées. Bon, soit, mais cette curiosité mise à part, il vaut quoi le film ?

L'imaginarium du titre, c'est la drôle d'attraction foraine que trimbale un très vieil homme, accompagné de sa fille, d'un nain et d'un jeune homme un poil simplet, pour tenter de gagner sa vie en faisant visiter son imaginaire aux passants. Ca ressemble fort à une arnaque totale, mais il n'en est rien : le docteur Parnassus a réellement plus de mille ans, et cela fait une éternité qu'il fait des paris avec le diable en personne. Pour sauver sa fille, il doit sauver cinq âmes avant deux jours. La cause semble désespérée, jusqu'à l'arrivée d'un très mystérieux pendu...

Tout cela vous semble un brin bzarre ? Ne vous inquiétez pas, c'est normal. Ou plutôt si, inquiétez-vous un peu, car si vous êtes amateur de narration claire et de scènes faciles à suivre, le début du film risque franchement de vous rebuter. J'ai d'ailleurs moi-même eu bien du mal à me mettre dans le truc, tellement ça part dans tous les sens, y compris au niveau de la caméra. Heureusement, ça finit par se stabiliser un brin, et si les tenants et aboutissants de l'intrigue restent assez mystérieux (on a l'impression que Gilliam a voulu caser plein de trucs dans son scénario, y compris quelques critiques bizarres de notre société, mais sans prendre la peine d'en faire un tout cohérent ; on est à des années-lumière de la magistrale construction de l'Armée des douze singes), on arrive au moins à suivre ce qui se passe.

On peut alors profiter pleinement du principal atout du film : l'imaginarium toujours débordant de l'ancien Monty Python, qui semble prendre un malin plaisir lors des scènes se passant dans l'imaginaire du docteur à parsemer ses mondes farfelus de références aux drôles de machines qu'il faisait se balader dans les sketchs de ses comparses il y a près de quarante ans, mais en les nappant de la technologie la plus moderne qui soit en terme d'effets spéciaux. Ce mélange de nostalgie et de trop-plein de technique (les couleurs font presque mal aux yeux) aboutit à un résultat curieusement attachant, et on finit par se surprendre tout simplement à admirer le tour de force visuel sans trop chercher à comprendre le fond.

Bien sûr, difficile de crier au chef-d'oeuvre dans ces conditions, mais on ressort au moins de la salle en continuant à penser que Gilliam, ne serait-ce que par sa capacité à réaliser des films différents de tout ce qu'on peut voir par ailleurs au cinéma, mérite sa petite place particulière dans notre coeur de cinéphile. On aurait quand même aimé en savoir un peu plus sur ces histoires de choix et d'âmes qui parsèment le film, et qu'on est forcé d'interpréter imparfaitement, faute de mieux.

Roupoil, 29 novembre 2009.



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