Diva,

film de Jean-Jacques Beineix (1981)



Avis général : 6/10
Côte nanar : Mouais.
:-) Des personnages décalés et/ou rigolos qui suffisent à créer une atmosphère.
:-( L'intrigue policière est franchement grotesque, tout comme quelques scènes.

Pour une fois, la raison pour laquelle je me suis retrouvé devant ce film est un peu plus étonnante que d'habitude : je me suis pour la première fois fait prêter un DVD par un élève, manifestement convaincu de la nécessité de refaire ma culture cinématographique. De fait, celle-ci est encore pleine de chefs-d'oeuvre à découvrir, même si, au risque de décevoir l'élève en question, je ne suis pas sûr d'accoler ce qualificatif au film qui nous intéresse :-).

Jules est un jeune postier fan d'opéra. A tel point que le hangar qui lui sert de lieu de résidence est essentiellement meublé de matériel hi-fi et de bandes captées plus ou moins légalement lors de divers concerts. D'ailleurs, on le découvre en train d'enregistrer sa chanteuse préférée, Cynthia Hawkins (qui se refuse à enregistrer la moindre note), et accessoirement de lui piquer une robe à la fin du concert. Il se retrouve par ailleurs mêlé par hasard à une sombre histoire de traite de prostituées, ayant récupéré fortuitement une bande mettant en cause un gros poulet.

Quelle curieuse idée d'avoir tenté de mixer un polar bas de gamme avec un film lyrique (adjectif pour le moins adapté...) ! Beineix, qui n'a manifestement peur de rien, l'a fait ... et c'est un peu n'importe quoi. Pour être plus précis, le côté film policier des années 80 fait assez mal au film quelque 25 ans après sa sortie. L'intrigue est complètement grotesque, et quelques scènes sont tellement mal foutues que ç'en est désarmant (le débarquement puis l'assassinat de Nadia à St-Lazare, qui déboule juste après deux écoutes très contemplatives du Ebben ? ne andro lontano (l'air d'opéra qui sert de fil rouge au film ; pour ceux qui ne connaissent pas, cherchez des infos sur Catalani, c'est le seul morceau qui lui ait survécu), laisse pantois, même la série du samedi soir sur France 3 est mieux jouée et mise en scène). Quand aux gros vilains, Darmon et Pinon en tête, ils ont des tronches absolument indescriptibles ... et sont du coup assez géniaux ! Et c'est là que le film se découvre une qualité inattendue (et sûrement pas prévue au moment de sa sortie), il s'est transformé en nanar tout à fait potable.

Mais ne soyons pas méchants, le film n'a pas pour aspiration principale d'être un simple polar, il cherche aussi manifestement une certaine poésie via le décalage. Il faut dire que la plupart des persos sont assez curieux, mais plutôt attachants (bon, y a pas que des grands acteurs, à part Bohringer, mais on s'y fait), et que l'atmosphère recrée par Beineix, qui est souvent proche du branchouille prétentieux, est sympa (ça a vieilli aussi, mais plutôt bien). Du coup, un peu à l'image des dialogues, on navigue à vue du ridicule à l'émouvant, et ça suffit à maintenir l'intérêt du film tout du long.

Drôle d'expérience tout de même que ce que nous a tenté là Beineix. On ne peut pas dire que ce soit totalement réussi, mais on ne regrette pas d'y avoir participé. Quelque part, le film est assez emblématique de l'époque pas forcément inoubliable (point de vue artistique) que furent les années 80, avec une volonté évidente de faire réellement de l'art, mais une bonne dose de mauvais goût qui plombe un peu l'entreprise. Mais une fois de temps en temps, ça se laisse digérer.

Roupoil, 1 février 2006



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