Comme prévu, mon rythme de sorties ciné a sensiblement
diminué depuis la rentrée. Eh oui, parfois, même Roupoil est obligé de
bosser un peu (et de faire bosser beaucoup ses élèves, niark niark), et
ça ne s'améliorera sûrement pas dans quelques mois quand on sera
vraiment trois à la maison. Pour cette première toile de septembre,
donc, je me suis laissé piquer par ma curiosité face à ce qui nous est
présenté comme un événement dans le petit monde de la science-fiction,
le premier film hyper original d'un petit génie produit par pas moins
que Peter Jackson. Ma foi, pourquoi pas, même si l'annonce d'un côté
documentaire au film me faisait un peu peur.
De fait, le début de film est présenté comme un documentaire. Enfin,
peut-être... Car il faut bien avouer que la construction du tout n'est
pas d'une clarté extraordinaire. Ce qui certain c'est qu'on nous conte
l'arrivée sur Terre et le parquage dans un espèce de camps de réfugiés
de quelques centaines de milliers d'aliens façon reportage télé, avec
interviews rapides de divers protagonistes. On se concentre ensuite sur
le rôle très important joué par Wikus, fonctionnaire minable chargé de
faire signer aux aliens leurs avis d'expulsion histoire d'aller les
recaser un peu plus loins des humains, qui ont un peu de mal à les
supporter.
Ah, j'ai failli oublier de préciser un détail très important : le tout
se déroule en Afrique du Sud, d'où un parallèle extrêmement appuyé avec
l'Apartheid. C'est sûrement ça qui a suffi à faire dire à beaucoup de
gens "waoh, quelle originalité dans le scénario, quelle profondeur
politique !". En fait de quoi, une fois la situation de départ, certes
intéressante assimilée, rien n'est creusé et un manichéisme
particulièrement pauvre est même de mise (les humains sont tous des
ordures irrécupérables). Mais le fond n'est pas le pire, loin de là. La
forme de cette première partie est un ratage tout bonnement ahurissant.
La caméra à l'épaule, j'ai toujours du mal à la supporter
(physiquement), mais ça cadre plutôt bien au style du récit. Par contre,
le montage à la hache qui fait qu'on n'a jamais le temps de savoir qui
fait quoi et qu'on ne comprend essentiellement rien à ce qui se passe
est à mon sens injustifiable et même carrément débile. J'avoue ne
vraiment pas comprendre qu'on puisse sortir un film dans cet état, et
encore moins qu'une majorité de spectateurs puisse apprécier, c'est tout
bonnement très désagréable à regarder.
Enfin, pour justifier le fait que la note du film ait tout de même
dépassé le 1/10, signalons donc que j'ai réussi à passer le cap de la
première heure (mais j'ai vraiment failli m'enfuir) et que le film,
quant à lui, en a changé (de cap). À croire que même le réalisateur a
fini par se rendre compte qu'il n'avait rien à dire et que son truc
n'avait pas d'intérêt. On passe donc assez curieusement d'un soi-disant
documentaire à portée politique à un nanar SF complètement irréaliste et
bourrin. Curieusement, c'est nettement mieux ! Ca a un petit
arrière-goût Starship Troopers, et même si la caméra bouge
toujours beaucoup trop, les scènes d'action sont assez jouissives. Bien
sûr, on a un gros doute sur le fait que les auteurs aient eu conscience
de faire une daube totale, mais les multiples incohérences et autres
scènes complètement grotesques (les coups de fil de la femme de Wikus, à
pleurer de rire) sont trop nombreuses pour ne pas être au moins un peu
voulues.
Bref, on s'amuse bien, les effets spéciaux sont tout à fait honnêtes, et
on en vient même à se demander comment tout ça va finir. La réponse est
mal, du pur point de vue de spectateur du moins puisqu'en plus de nous
infliger une dernière image guimauve, Blomkamp a laissé une porte
ouverte à une suite tellement grosse qu'on a déjà envie de signer toutes
les pétitions qui pourraient demander à ce qu'on arrête là le massacre.
De fait, ce ne serait pas une mauvaise idée. En fait de découverte d'un
cinéaste majeur, ce District 9 est juste une mauvaise blague
mal camouflée en film sérieux.
Roupoil, 18 septembre 2009