District 9,

film de Neill Blomkamp (2009)



Avis général : 3/10
:-) De l'action plutôt enthousiasmante par moments.
:-( Le montage absurde de la première moitié. Le scénario très loin de tenir ses promesses.

Comme prévu, mon rythme de sorties ciné a sensiblement diminué depuis la rentrée. Eh oui, parfois, même Roupoil est obligé de bosser un peu (et de faire bosser beaucoup ses élèves, niark niark), et ça ne s'améliorera sûrement pas dans quelques mois quand on sera vraiment trois à la maison. Pour cette première toile de septembre, donc, je me suis laissé piquer par ma curiosité face à ce qui nous est présenté comme un événement dans le petit monde de la science-fiction, le premier film hyper original d'un petit génie produit par pas moins que Peter Jackson. Ma foi, pourquoi pas, même si l'annonce d'un côté documentaire au film me faisait un peu peur.

De fait, le début de film est présenté comme un documentaire. Enfin, peut-être... Car il faut bien avouer que la construction du tout n'est pas d'une clarté extraordinaire. Ce qui certain c'est qu'on nous conte l'arrivée sur Terre et le parquage dans un espèce de camps de réfugiés de quelques centaines de milliers d'aliens façon reportage télé, avec interviews rapides de divers protagonistes. On se concentre ensuite sur le rôle très important joué par Wikus, fonctionnaire minable chargé de faire signer aux aliens leurs avis d'expulsion histoire d'aller les recaser un peu plus loins des humains, qui ont un peu de mal à les supporter.

Ah, j'ai failli oublier de préciser un détail très important : le tout se déroule en Afrique du Sud, d'où un parallèle extrêmement appuyé avec l'Apartheid. C'est sûrement ça qui a suffi à faire dire à beaucoup de gens "waoh, quelle originalité dans le scénario, quelle profondeur politique !". En fait de quoi, une fois la situation de départ, certes intéressante assimilée, rien n'est creusé et un manichéisme particulièrement pauvre est même de mise (les humains sont tous des ordures irrécupérables). Mais le fond n'est pas le pire, loin de là. La forme de cette première partie est un ratage tout bonnement ahurissant. La caméra à l'épaule, j'ai toujours du mal à la supporter (physiquement), mais ça cadre plutôt bien au style du récit. Par contre, le montage à la hache qui fait qu'on n'a jamais le temps de savoir qui fait quoi et qu'on ne comprend essentiellement rien à ce qui se passe est à mon sens injustifiable et même carrément débile. J'avoue ne vraiment pas comprendre qu'on puisse sortir un film dans cet état, et encore moins qu'une majorité de spectateurs puisse apprécier, c'est tout bonnement très désagréable à regarder.

Enfin, pour justifier le fait que la note du film ait tout de même dépassé le 1/10, signalons donc que j'ai réussi à passer le cap de la première heure (mais j'ai vraiment failli m'enfuir) et que le film, quant à lui, en a changé (de cap). À croire que même le réalisateur a fini par se rendre compte qu'il n'avait rien à dire et que son truc n'avait pas d'intérêt. On passe donc assez curieusement d'un soi-disant documentaire à portée politique à un nanar SF complètement irréaliste et bourrin. Curieusement, c'est nettement mieux ! Ca a un petit arrière-goût Starship Troopers, et même si la caméra bouge toujours beaucoup trop, les scènes d'action sont assez jouissives. Bien sûr, on a un gros doute sur le fait que les auteurs aient eu conscience de faire une daube totale, mais les multiples incohérences et autres scènes complètement grotesques (les coups de fil de la femme de Wikus, à pleurer de rire) sont trop nombreuses pour ne pas être au moins un peu voulues.

Bref, on s'amuse bien, les effets spéciaux sont tout à fait honnêtes, et on en vient même à se demander comment tout ça va finir. La réponse est mal, du pur point de vue de spectateur du moins puisqu'en plus de nous infliger une dernière image guimauve, Blomkamp a laissé une porte ouverte à une suite tellement grosse qu'on a déjà envie de signer toutes les pétitions qui pourraient demander à ce qu'on arrête là le massacre. De fait, ce ne serait pas une mauvaise idée. En fait de découverte d'un cinéaste majeur, ce District 9 est juste une mauvaise blague mal camouflée en film sérieux.

Roupoil, 18 septembre 2009



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