Des idiots et des anges,

film de Bill Plympton (2008)



Avis général : 7.5/10
:-) Toujours fourmillant d'idées. Les accompagnements musicaux sont excellents.
:-( Un peu répétitif. Le caractère muet de la chose rend le film moins accessible que le précédent opus de Plympton.

Vous ne vous en souvenez sûrement pas (dans le cas contraire, je tire mon chapeau au lecteur très fidèle qui se cache derrière votre écran), mais moi je n'ai pas oublié ce beau jour du printemps 2005 où j'ai découvert un peu par hasard l'univers pour le moins singulier de Bill Plympton à travers son long métrage d'animation précédent, le décoiffant Hair High. Quand j'ai su qu'un nouveau film réalisé par ce doux dingue allait sortir, je me suis donc préparé à foncer dans la salle obscure la plus proche. Enfin, façon de parler, car apparemment tout le monde n'a pas eu le même coup de coeur que moi, à en croire la sortie très confidentielle (10 écrans sur tout le pays) de ce nouvel opus. Je ne peux qu'encore plus vous encourager à foncer le voir avant qu'il ne disparaisse complètement. Enfin, vous pouvez quand même finir de lire la critique avant, ça peut toujours servir...

C'est l'histoire de Schblup (le film étant muet, il n'a pas vraiment de nom), un monsieur assez ignoble qui a ses habitudes dans un petit bar, et à qui, un beau jour, des ailes se mettent à pousser. des ailes genre anges, qui essaient de faire le bien dès qu'elles peuvent. Figurez-vous que ça ne lui plait pas du tout, à l'ami Schblup, qui essaie de s'en débarasser par tous les moyens qu'il trouve. Mais les ailes sont du genre collantes.

Même si la trame est assez limitée, tout comme le nombre de personnages, c'est bien suffisant pour Plympton pour nous émerveiller une fois de plus avec son imagination à toute épreuve, ses réjouissantes transitions, son trait faussement brouillon, et bien sûr les violences physiques et autres outrances qui parsèment le déroulement de sa fable. Pour celui qui aime son style, pas de doute, le bonheur sera encore au rendez-vous.

Et pourtant, malgré leur indéniable "plymptonitude" commune, ce nouveau film se détache nettement de Hair high, l'opus précédent du cartoonist. Là où Hair high mettait le paquet niveau spectaculaire, avec couleurs pétantes et voix célèbres à l'appui, Des idiots et des anges revient à une économie de moyens manifeste avec son ambiance très grisâtre, des décors assez limités et, surtout, l'absence totale de dialogues. Eh oui, c'est bel et bien à un film muet (à quelques grognements près) que nous convie Plympton. Exercice un brin casse-gueule dans la mesure où le piège de la répétition et de la lenteur n'est pas toujours totalement évité, mais qui est globalement fort bien maitrisé (les attitudes des personnages étant souvent plus parlantes que ne l'auraient été de longs discours), et permet par ailleurs d'admirer la pertinence des choix musicaux de Plympton, tous excellents.

Plus froid donc, et peut-être de ce fait moins facile à apprécier que le tonitruant Hair high (moins gore aussi, pour ceux que la violence, même graphique, pourrait rebuter), le Plympton nouveau pourrait presque faire office de retour au film d'auteur après une tentative de blockbuster. L'un comme l'autre restent à mon avis des oeuvres très intéressantes, à découvrir chez nous, où le grand dessinateur qu'est Bill Plympton n'a pas encore trouvé la place qu'il mérite.

Roupoil, 18 janvier 2009.



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