Delivrance,

film de John Boorman (1972)



Avis général : 7/10
:-) Une tension intéressante, de très bons acteurs, et quelques scènes qui méritent leur statut culte.
:-( Un rythme un peu curieux, et un déroulement au fond assez prévisible.

Après La Horde sauvage, j'enchaine à la maison avec un autre classique du cinéma choc américain du début des années 70. Quand on y repense, sacrée époque ! Entre l'Orange Mecanique de Kubrick, la naissance du film d'horreur moderne (entre autres La Nuit des morts-vivants, L'Exorciste et Massacre à la tronçonneuse datent de cette période) et autres films de Peckinpah, c'est un bon coup de pied au derrière qui était donné au cinéma de papy, et qui allait ouvrir la voie à une période très faste pour le cinéma américain. Euh, bon, ok, il n'y a pas eu des masses de période qui n'étaient pas fastes pour le ciné ricain, mais quand même.

Le concept du film, qui comme souvent avec Boorman a une dimension écologique non négligeable, est assez simple : quatre bons américains moyens un brin beauf, menés par un costaud qui se veut écolo, vont se faire un week-end canoë sur une rivière un peu sauvage avant qu'elle ne soit transformée en lac par la construction d'un barrage. Après avoir un peu chambré les rustiques locaux, ils se lancent dans la descente tout en dissertant vaguement sur la nature et le reste. Mais le petit périple ne va pas vraiment se passer comme prévu.

Mine de rien, on a beau savoir plus ou moins ce qui va se passer (c'est le problème des vieux films précédés par leur réputation), c'est un sacré morceau de bravoure que nous propose Boorman. Tous les éléments du survival, sauf que les affreux monstres sont ici rien moins que des humains. À comparer, à tout hasard, avec le récent remake de La Colline a des yeux par Aja, c'est dix fois plus réaliste et finalement stressant. Bon, certes, c'est moins gore et animé, le film étant souvent assez lent. Lenteur bien entendu tout à fait volontaire dont le but est d'installer une tension palpable. Ca marche ma foi assez bien, la progression du personnage principal principal vers la sauvagerie étant crédible et bien rendue par Jon Voight (la plus belle performance d'un solide casting).

Pour autant, le film est-il le grand chef-d'oeuvre vénéré par certains ? Je n'irais pas jusque-là. Il illustre certes très efficacement un bon concept, mais reste un bon film qui ne s'élève jamais vraiment très haut au-dessus de son sujet. La réflexion sur les relations homme-nature ne vont notamment pas très loin malgré l'opposition assez jouissive entre citadins et bouseux dans le premier quart d'heure. Et puis bon, j'aime bien le style de Boorman, mais les effets bizarres pour faire croire à une scène de nuit passent quand même assez mal !

Ca mérite d'être vu, incontestablement (en tout cas beaucoup plus que bien des survivals récents), et il est certain qu'on ne rigole plus tout à fait de la même façon en imitant la truie ensuite. Mais dans un genre pas très lointain, Les Chiens de paille me semble plus fort. et je ne parle bien sûr pas d'Orange mécanique...

Roupoil, 17 septembre 2008.



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