Après La Horde sauvage, j'enchaine à la maison
avec un autre classique du cinéma choc américain du début des années 70.
Quand on y repense, sacrée époque ! Entre l'Orange Mecanique de
Kubrick, la naissance du film d'horreur moderne (entre autres La Nuit
des morts-vivants, L'Exorciste et Massacre à la
tronçonneuse datent de cette période) et autres films de Peckinpah,
c'est un bon coup de pied au derrière qui était donné au cinéma de papy,
et qui allait ouvrir la voie à une période très faste pour le cinéma
américain. Euh, bon, ok, il n'y a pas eu des masses de période qui
n'étaient pas fastes pour le ciné ricain, mais quand même.
Le concept du film, qui comme souvent avec Boorman a une dimension
écologique non négligeable, est assez simple : quatre bons américains
moyens un brin beauf, menés par un costaud qui se veut écolo, vont se
faire un week-end canoë sur une rivière un peu sauvage avant qu'elle ne
soit transformée en lac par la construction d'un barrage. Après avoir un
peu chambré les rustiques locaux, ils se lancent dans la descente tout en
dissertant vaguement sur la nature et le reste. Mais le petit périple ne
va pas vraiment se passer comme prévu.
Mine de rien, on a beau savoir plus ou moins ce qui va se passer (c'est le
problème des vieux films précédés par leur réputation), c'est un sacré
morceau de bravoure que nous propose Boorman. Tous les éléments du
survival, sauf que les affreux monstres sont ici rien moins que des
humains. À comparer, à tout hasard, avec le récent remake de La
Colline a des yeux par Aja, c'est dix fois plus réaliste et
finalement stressant. Bon, certes, c'est moins gore et animé, le film
étant souvent assez lent. Lenteur bien entendu tout à fait volontaire dont
le but est d'installer une tension palpable. Ca marche ma foi assez bien,
la progression du personnage principal principal vers la sauvagerie étant
crédible et bien rendue par Jon Voight (la plus belle performance d'un
solide casting).
Pour autant, le film est-il le grand chef-d'oeuvre vénéré par certains ?
Je n'irais pas jusque-là. Il illustre certes très efficacement un bon
concept, mais reste un bon film qui ne s'élève jamais vraiment très haut
au-dessus de son sujet. La réflexion sur les relations homme-nature ne
vont notamment pas très loin malgré l'opposition assez jouissive entre
citadins et bouseux dans le premier quart d'heure. Et puis bon, j'aime
bien le style de Boorman, mais les effets bizarres pour faire croire à une
scène de nuit passent quand même assez mal !
Ca mérite d'être vu, incontestablement (en tout cas beaucoup plus que bien
des survivals récents), et il est certain qu'on ne rigole plus tout à fait
de la même façon en imitant la truie ensuite. Mais dans un genre pas très
lointain, Les Chiens de paille me semble plus fort. et je ne
parle bien sûr pas d'Orange mécanique...
Roupoil, 17 septembre 2008.