Delicatessen,

film de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet (1991)



Avis général : 7/10
Pourcentage gozu : 1%
:-) Ca fait tellement plaisir un film qui sort de la norme avec de vraies bonnes idées dedans.
:-( Un scénario au fond assez léger, on se demande parfois où ça veut en venir.

Il n'y a pas longtemps, un de mes très chers colocataires a eu la bonne idée de se procurer un coffret DVD Caro-Jeunet. L'occasion pour moi de me replonger dans la courte carrière en duo de ces drôles de zouaves (dont l'un est certes devenu assez célèbre par la suite), que j'avais découverts lors d'une nuit mémorable dans la bonne vieille salle Dussane de l'ENS (à une époque où il y avait encore des gens pour organiser une nuit de cinéma avec trois grands films de suite, souvenirs, souvenirs...). Bref, j'avoue que dans mes brumeux souvenirs (j'exagère un peu, ça doit faire environ cinq ans), j'avais été fortement impressionné par la Cité des enfants perdus, mais beaucoup moins convaincu par leur premire opus. Séance de rattrapage histoire de confirmer cette impression. Ou pas...

Cette critique fera partie des rares où je ne ferai pas de résumé de l'intrigue. Ou plutôt si, je le fais : "Dans un futur (?) brumeux où le rationnement est la règle, un immeuble survit grâce à son boucher qui est approvisionné régulièrement en locataires frais recrutés via petite annonce. Le nouveau venu est un drôle de zèbre, ancien clown, qui tombe sous le charme de la fille du boucher, violoncelliste myope comme une taupe. Celle-ci fait appel aux troglodistes, drôles de végétariens en costumes de plongeurs." Bon, en fait je me rends compte en le tapant que ce résumé n'est pas si mal (bon, c'est normal, c'est le mien), mais il peut donner une mauvaise idée du film, dont l'intérêt n'est pas tant dans ce curieux déroulement d'événements que dans la façon dont ils sont mis en scène.

Car la patte Caro-Jeunet, c'est avant tout un travail extraordinaire sur l'aspect visuel. On retient bien évidemment les teintes ocres qui dominent le film et les effets de brouillars autour de l'immeuble, mais cela va beaucoup plus loin que ça : le moindre plan est soigneusement réfléchi, les scènes magnifiquement agencées, c'est un plaisir pour les yeux. L'utilisation des fameuses "tronches" (Pinon dans le rôle principal bien sûr, mais comment oublier Dreyfus en boucher, et le reste de la distribution est à la hauteur) ajoute encore à cette ambiance fascinante. Par ailleurs, les idées de mise en scène sont légion, notamment ces étonnantes scènes uniquement rythmées par des sons répétitifs. Rien que pour l'énorme bouffée d'air insufflée dans un cinéma qui a bien du mal à se renouveler, ce premier opus mérite largement son statut de film culte.

Après, on ne peut pas totalement nier que le film est un peu décousu. Beaucoup de scènes bluffanyes, mais l'intrigue au fond assez quelconque (une fois le curieux point de départ assimilé) peine à les lier entre elles, et par moments on est un peu en train d'attendre le futur moment fort. Malré tout, cette nouvelle vision m'a nettement plus impresionné que la précédente. Un style qui ne plaira sûrement pas à tous, mais si vous en avez marre de voir toujours la même chose sur grand écran, je doute que ce curieux film ne vous titille pas l'imaginaire.

Roupoil, 27 mars 2007.



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