Oh tiens, du Burton, ça faisait longtemps ! Eh oui, le
réalisateur le plus régulier parmi mes critiques est de retour, deux ans après
une version d'Alice à jeter à la poubelle et cinq ans après un Sweeney
Todd inégal. De quoi avoir peur de la suite ? Pas forcément. Souvenons-nous
de Big Fish et La Planète des singes, suivis d'un doublé
exceptionnel avec Charlie et Les Noces funèbres. Doublé encore
cette fois-ci pusiqu'un film d'animation suivra dans quelques semaines ce film,
où on retrouve des ingrédients rassurants : Johnny Depp, des vampires, une
ambiance gothique, le tout pour une adaptation de série télé que personne n'a
vue sauf Burton lui-même.
Barbanas Collins, héritier d'un empire de poissonnerie dans le Nouveau Monde
du 18ème siècle, voit son brillant avenir légèrement compromis quand une
servante éconduite qui se révèle être une redoutable sorcière qui le transforme
en vampire. Adieu Josette (oui, c'est le nom de sa fiancée) et deux siècles de
sieste plus tard, le voila qui déboule chez ses descendants (l'affaire a
vaguement périclité) pour remettre de l'ordre.
Un vampire à l'Ouest au milieu d'une famille complètement dysfonctionnelle, le
tout dans les années 70, pas étonnant que Tim Burton ait repris un tel projet,
ça lui va comme un gant. Le risque était du coup de se contenter de faire du
Burton sans se fatiguer ni se renouveler. Il y a un peu de ça (Burton se repose
pas mal sur ses compères Depp et Elfman pour booster le film), et en même
temps on a l'agréable surprise de voir que le film comporte une touche
humoristique qu'on avait pas vue chez lui depuis un bon moment. Par moments,
on se dit même qu'il est revenu loin en arrière car on pense à Beetlejuice
(la famille Collins étant pas loin de la famille Deetz).
Il y a d'ailleurs un défaut commun aux deux films : un rythme pas très bien
géré. Ici, on passe sûrement trop de temps à mettre en place tous les personnages
(trop nombreux peut-être ? Ca convenait sûrement très bien à une série télé,
mais deux ou trois d'entre eux jouent vraiment les faire-valoir), et certains
dialogues sont trop longs et poussifs. Par contre, là où l'expérience se fait
sacrément ressentir, c'est au niveau du visuel. Alors que Beetlejuice
fait rigoler aujourd'hui avec ses effets spéciaux artisanaux, Dark shadows
est une merveille permanente.
Et puis même si le film a ses temps morts, il a une grande qualité : plus ça
avance, mieux c'est. On finit par se faire à l'humour distancié assez subtil
et spécial, et surtout les personnages principaux sont suffisamment réussis
pour qu'on s'y attache. Mention spéciale à la sorcière Eva Green, qui tient
largement tête au vampire Depp. Après deux heures de film, tout ce dont on
aurait envie, c'est que ça continue... On s'est encore fait avoir par ce sacré
Tim. Pas son meilleur film, c'est certain (ce n'est de toute façon pas le plus
personnel), mais largement de quoi nous convaincre qu'il faut définitivement
compter sur lui. J'attends Frankenweenie avec une grosse impatience !
Roupoil, 19 mai 2012