Danse avec les loups,

film de Kevin Costner (1990)



Avis général : 8/10
:-) Les décors magnifiques, la nature, et animaux, la vie sauvage à l'indienne magnifiés par une photo superbe. Une dose d'action suffisante pour rendre intéressantes 4 heures de contemplation. Un beau message humaniste.
:-( Le message humaniste est un peu trop appuyé ; la romance entre le gentil Costner et la blanche recueillie par les indiens est un peu cucul.

C'est avec une grande émotion que j'ai sorti de son boîtier hier soir le DVD fraîchement acheté de Danse avec les loups. En effet, ce film a été l'une de mes premières révélations cinématographiques alors que j'avais dix ans (j'ai vu les deux versions quand elles sont passées pour la première fois à la télé en 1991 ; pour la petite histoire, ça m'a même valu l'une de mes premières autorisations de me coucher à plus 22 heures), mais bien qu'ayant été profondément marqué par la beauté du film, je ne l'avais jamais revu. Confortablement installé dans mon lit pour une séance spéciale de 4 heures (version longue oblige), je vais enfin prendre le risque de confronter mon souvenir magnifié de gamin à la réalité du film.

L'histoire se déroule en pleine guerre de Sécession, mais ça n'a finalement pas une très grande importance. Le temps de dénoncer l'absurdité de la guerre et le seul cadeau qu'elle apporte aux hommes, la folie, en deux ou trois scènes efficaces, et Costner nous transporte, ainsi que le lieutenant Dunbar, le personnage qu'il interprète, dans un fort isolé à la frontière indienne, poste choisi par le grand solitaire qu'est le héros (mais est-ce vraiment un héros ?) du film. S'il cherchait la solitude, il sera servi : le fort a été déserté par ses précédants occupants, et la relève ne semble pas proche d'arriver. La compagnie, Dunbar devra la trouver ailleurs, d'abord dans son journal de bord, où il prend soigneusement note de l'organisation de sa vie, seul à monter la garde dans le fort, mais néanmoins déterminé dans un premier temps à accomplir vaillament son devoir de soldat ; ensuite dans la nature sauvage qui l'entoure, en particulier chez Two-Socks, un loup qui semble éprouver un grand intérêt pour ce curieux blanc solitaire, et qui lui vaudra plus tard le nom indien qui donne son titre au film ; et enfin chez la tribu de Sioux qui campe non loin de là. Je ne révèlerai pas grand chose en résumant rapidement la suite de l'intrigue : Dunbar se fait adopter par les Sioux, tombe amoureux d'une blanche recueillie par la tribu, et finit par devenir un indien tellement crédible que, quand une relève arrive enfin au fort, c'est en traître qu'il sera accueilli, et ne devra son salut qu'à l'intervention de ses désormais frères indiens.

Une chose au moins n'a pas changé à cette nouvelle vision : Danse avec les loups est un film unique, fascinant, inoubliable. Loin de la trame d'un western classique (les fusillades sont ici limitées à quelques scènes clés, d'ailleurs subtilement disséminés au cours du film pour retenir du spectateur), Costner nous propose une longue ballade dans l'Ouest américain. On est ici pour contempler, admirer la nature sauvage et le mode de vie indien. Plus que les intrigues classiques disséminées dans le film, on retient un récit d'apprentissage passionnant, celui de l'intégration (invraisemblable ? Peu importe, le message est beau, et passe très bien) d'un soldat a priori fidèle aux principes qu'on lui a inculqués, mais ouvert à cette culture totalement différente qu'est celle des Sioux, dans cette communauté de guerriers chez qui la sagesse est autrement plus importante que la technologie.

De ce point de vue, l'hommage au peuple indien est vraiment touchant, même si on se demande parfois si Costner n'en fait pas trop. Bien sûr, je serais bien incapable de juger la valeur ethnologique de ce qu'on voit dans le film, mais à vouloir renverser le manichéisme classique du western (indiens=méchants ; blancs=bons), il finit par donner une image quasi caricaturale des Sioux : jamais une décision qui ne soit mûrement refléchie (certes, tout le monde a le droit d'argument lors des grandes réunions, mais jamais on prend le parti violent), et une écologie absolument sans faille. Alors quand les Pawnee (autre tribu indienne traînant dans le coin) sont dépeints comme des brutes sanguinaires, puis les sldats nordistes comme des abrutis sans cervelle vers la fin du film, la pilule est un peu dure à avaler.

Quand à l'intrigue amoureuse avec la jolie Dressée avec le Poing, blanche recueillie par la tribu après le massacre de sa famille par les indiens (les Pawnee, bien sûr, les mauvais indiens, vous ne pensez pas que les Sioux auraient fait une chose pareille), même si elle s'intègre bien au scénario, elle est d'une banalité à faire fuir l'amateur le plus indulgent de guimauve dégoulinante.

Mais ne soyons pas non plus trop exigeants, si Costner n'a pas su se défaire de quelques défauts, sa fresque reste un grand moment de cinéma, on voit à peine passer les 4 heures, plongé dans les hautes herbes des plaines de l'Ouest, et on en ressort avec un pincement au coeur (le sobre résumé du destin qui attend les indiens à la fin du film fait quand même assez mal) mais le bonheur d'avoir pour toujours ce défilé d'images superbes dans un coin de notre mémoire.


Roupoil, 9 août 2004.



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