Cyrano de Bergerac,

film de Jean-Paul Rappeneau (1990)



Avis général : 10/10
:-) Les vers incandescants de Rostand, une reconstitution magnifique, des acteurs à la hauteur (Depardieu grandiose), une très belle musique, et la plus belle des histoires pour l'incurable romantique que je suis.
:-( La tension retombe un peu dans les deux derniers actes, mais bon, les trois premiers sont tellement géniaux... Et bien sûr un choix d'actrice qui oblige à supprimer mon vers préféré de la pièce ;-).

S'il est bien un film que je peux critiquer (enfin, pour le coup, critiquer n'est peut-être pas le mot le plus adapté) les yeux fermés sans avoir besoin de le revoir auparavant, s'il est un film pour lequel mon admiration ne tarira jamais, un film qui m'accompagnera toute ma vie tellement il fait office pour moi de panacée morale à certains moments, c'est bien celui-là. Le scénario romantique par excellence, porté pour le grand écran par un Rappeneau incroyablement inspiré, définitivement mon DVD de chevet.

L'invraisemblable (mais l'est-elle tant que ça ?) et magnifique est aujourd'hui (j'espère, en tout cas ; que ceux qui ne connaissent pas la pièce par coeur foncent la lire) connue de tous. Étonnante imposture amoureuse que ce Cyrano prêtant sa plume au beau mais plat (enfin, quoique, on a un peu de mal à le croire incapable d'écrire une lettre d'amour correcte quand il reprend avec tant d'insolence et d'à-propos Cyrano lors de leur première rencontre) Christian de Neuvillette, amoureux tout comme lui de sa cousine Roxane.

Ce que j'aime beaucoup dans la pièce de Rostand, plus encore que les grandes scènes comme la tirade du nez (qui est cependant ici admirablement rendue par un Depardieu au sommet de sa forme ; peut-on encore imaginer les vers déclamés autrement après l'avoir entendu ?) ou la scène du balcon (que j'aime énormément aussi, hein, rassurez-vous :-) ), ce sont celles où Cyrano nous fait part, via Le Bret la plupart du temps, de ses états d'âme, et qui sont une fois de plus tellement bien mises en scène par Rappeneau qu'elles en semblent encore plus émouvantes. Peut-on rester de marbre devant Cyrano brisant un miroir de rage en attendant la venue de Roxane chez Ragueneau, ou se fâchant superbement lors de la scène chez les cadets ?

Alors, bien sûr, après trois actes tellement pleins de répliques inoubliables, d'aveux bouleversants, de scènes épiques (tout le début au théâtre est tout de même extraordinaire), la suite (à partir du moment où Cyrano et Christian sont partis en guerre) paraît un peu plus anodine, jusqu'à la conclusion qui nous tire à nouveau quelques larmes des yeux. Mais peu importe, on pardonnerait n'importe quoi pour cette première heure où tout, des décors à la superbe musique en passant par l'interprétation (les seconds sont aussi grandioses que les têtes d'affiche), semble en état de grâce, sur un de ces nuages que le spectateur rêveur rejoint avec un mélange de bonheur intense et de mélancolie devant la tragique destinée du noble Cyrano.

Inutile de continuer plus longtemps le concert de louanges, vous avez compris depuis longtemps que je serais incapable de trouver du mal à dire de ce joyau, cette apothéose romantique inégalable. Je ne peux qu'inviter tous ceux qui sont sensibles à la magie des vers et des belles à histoire à venir rejoindre le clan des fans de Cyrano, ceux qui sont capables d'en réciter des scènes entières, et à partager avec eux les émotions qui vous remplissent le coeur à chaque nouvelle vision de ce chef-d'oeuvre.


Roupoil, 15 août 2004.


P.S. : Pour ceux qui ne me connaitraient pas assez pour saisir l'allusion dans la rubrique "mauvais points" en début de critique, le vers incriminé est le dernier du quatrain suivant :

CYRANO :  Alors, moi, j'aime qui ? Mais cela va de soi.
          J'aime, mais c'est forcé, la plus belle qui soit.
LE BRET : La plus belle ?
CYRANO :                  Tout simplement, qui soit au monde.
          La plus brillante, la plus fine, la plus blonde.


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