Croix de fer,

film de Sam Peckinpah (1977)



Avis général : 6.5/10
:-) Une opposition vraiment intéressante servie par de bons dialogues. Visuellement, c'est plutôt réussi.
:-( Un certain manque de subtilité dans la psychologie des personnages. C'est parfois confus.

Intégrale Peckinpah par petits bouts, la suite. Pas vraiment de logique dans l'enchainement choisi, juste le hasard des parutions de DVD à bas prix (enfin, bas, tout est relatif). On passe donc pour cette fois-ci à son unique film de guerre, datant de la fin de sa carrière et s'étant heurté à un certain nombre de difficultés lors du tournage. Tout ça promet plutôt du bon, finalement.

L'essentiel du film est une confrontation entre deux officiers au tempérament très différent. Steiner est un homme de terrain, attaché à ses troupes et au fond très antimilitariste même s'il quitte l'hopital où il est contraint de séjourner suite à une échauffourrée à la première occasion (en plus, il avait réussi à se taper l'infirmière, quel blaireau). Stransky, lui, est un arriviste qui s'est fait nommer sur le front uniquement dans le but d'y récolter la décoration ultime, la Croix de Fer. Il est pour cela prêt à tout, sachant que sa couardise l'empêchera de l'obtenir au champ d'honneur.

On l'aura compris, la guerre en elle-même n'est pas ce qui intéresse plus Peckinpah. Ceci dit, ça ne l'empêche pas de parsemer son film de scènes de genre qui, si elles souffrent d'une certaine confusion (c'est bien difficile de savoir ce qui se passe exactement), n'ont pas grand chose à envier à des réalisations beaucoup plus récentes niveau technique (notamment les fameux ralentis et quelques images un brin gore qui anticipent presque le Ryan de Spielberg). Par ailleurs, Peckinpah a eu la bonne idée de situer son film sur le front russe en fin de seconde guerre mondiale, côté allemand. Les soldats savent bien au fond d'eux-même que la défaite se profile, ce qui exacerbe les tensions et rend d'autant plus intéressante l'étude des comportements. Un peu ce qu'a voulu faire Eastwood dans Lettres d'Iwo Jima, sauf qu'ici ce n'est pas raté.

Bon, ceci dit, ce n'est pas totalement réussi non plus, car il manque assez curieusement un élément habituel des films de Peckinpah, la fascinante ambiguïté des personnages. Si Stransky laisse entrevoir une justification à son comportement (la pression familiale), Steiner ne semble pas avoir de défaut à sa cuirasse, c'est presque décevant. Mais ça n'empêche pas les scènes dialoguées d'être souvent passionnantes (peut-être plus que les scènes d'action !). Légère déception aussi au niveau de la fin du film, assez prévisible jusqu'aux trente dernière secondes et puis ... ben faut le voir tellement c'est bizarre comme fin.

Un peu comme pour les précédents films de Peckinpah que j'ai pu voir, l'intérêt apparait assez graduellement et une fois lancé, on ne s'ennuie pas une seconde. On reste tout de même assez loin à mon goût de la force de frappe des Chiens de paille, mais c'est un film qu'on ne regrette pas d'avoir vu.

Roupoil, 30 mars 2007.



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