Intégrale Peckinpah par petits bouts, la suite. Pas
vraiment de logique dans l'enchainement choisi, juste le hasard des
parutions de DVD à bas prix (enfin, bas, tout est relatif). On passe donc
pour cette fois-ci à son unique film de guerre, datant de la fin de sa
carrière et s'étant heurté à un certain nombre de difficultés lors du
tournage. Tout ça promet plutôt du bon, finalement.
L'essentiel du film est une confrontation entre deux officiers au
tempérament très différent. Steiner est un homme de terrain, attaché à ses
troupes et au fond très antimilitariste même s'il quitte l'hopital où il
est contraint de séjourner suite à une échauffourrée à la première
occasion (en plus, il avait réussi à se taper l'infirmière, quel
blaireau). Stransky, lui, est un arriviste qui s'est fait nommer sur le
front uniquement dans le but d'y récolter la décoration ultime, la Croix
de Fer. Il est pour cela prêt à tout, sachant que sa couardise l'empêchera
de l'obtenir au champ d'honneur.
On l'aura compris, la guerre en elle-même n'est pas ce qui intéresse plus
Peckinpah. Ceci dit, ça ne l'empêche pas de parsemer son film de scènes de
genre qui, si elles souffrent d'une certaine confusion (c'est bien
difficile de savoir ce qui se passe exactement), n'ont pas grand chose à
envier à des réalisations beaucoup plus récentes niveau technique
(notamment les fameux ralentis et quelques images un brin gore qui
anticipent presque le Ryan de Spielberg). Par ailleurs, Peckinpah a eu la
bonne idée de situer son film sur le front russe en fin de seconde guerre
mondiale, côté allemand. Les soldats savent bien au fond d'eux-même que la
défaite se profile, ce qui exacerbe les tensions et rend d'autant plus
intéressante l'étude des comportements. Un peu ce qu'a voulu faire
Eastwood dans Lettres d'Iwo Jima, sauf qu'ici ce n'est pas raté.
Bon, ceci dit, ce n'est pas totalement réussi non plus, car il manque
assez curieusement un élément habituel des films de Peckinpah, la
fascinante ambiguïté des personnages. Si Stransky laisse entrevoir une
justification à son comportement (la pression familiale), Steiner ne
semble pas avoir de défaut à sa cuirasse, c'est presque décevant. Mais ça
n'empêche pas les scènes dialoguées d'être souvent passionnantes
(peut-être plus que les scènes d'action !). Légère déception aussi au
niveau de la fin du film, assez prévisible jusqu'aux trente dernière
secondes et puis ... ben faut le voir tellement c'est bizarre comme fin.
Un peu comme pour les précédents films de Peckinpah que j'ai pu voir,
l'intérêt apparait assez graduellement et une fois lancé, on ne s'ennuie
pas une seconde. On reste tout de même assez loin à mon goût de la force
de frappe des Chiens de paille, mais c'est un film qu'on ne
regrette pas d'avoir vu.
Roupoil, 30 mars 2007.