Je n'avais pas vu le précédent opus du sieur Chow sorti
sous nos contrées, le pourtant célèbre Shaolin Soccer. Je me suis
rattrapé cette fois-ci (mais il fallait presque se battre, le film sortant
curieusement dans un nombre très limité de salles), me disant qu'un film
recommandé à la fois par Télérama et Fabien Mathieu (un des mes
colocataires, propriétaire d'une daubothèque fort bien fournie) devait
être un curieux objet...
Dans la Chine des années 40, un louzeur essaie de s'incruster dans le gang
des Haches, qui terrorise la ville en découpant ses ennemis en petits
morceaux. Jusqu'au jour où ils tombent sur un os dans un petit quartier
tenu d'une maion de fer par la femme acariatre du proprio : trois maîtres
du kung-fu se révèlent sous leurs yeux. Qu'à cela ne tienne, ils vont
faire appel à des pros, ça va faire mal.
C'est assez difficile de résumer l'intrigue du film, puisqu'on peut dire
sans exagérer énormément qu'il n'y a pas d'intrigue. D'ailleurs, pendant
les dix premières minutes, on se demande où on a foutu les pieds :
alignement de personnages grotesques et de gags pour le moins foireux sans
grand lien entre eux, ce n'est pas très engageant. Le reste est du même
acabit, tout n'étant que prétexte à rigoler et surtout aligner des combats
de kung-fu tous plus délirants les uns que les autres. On se croirait dans
un de ces mangas parodiques où le héros rencontre un nouveau super-méchant
avec un coup spécial de la mort qui tue à chaque épisode.
Les combats, par contre, sont assez énormes, il faut bien l'avouer.
Profitant d'effets spéciaux au poil, Chow se fait plaisir en faisant péter
tout ce qu'il peut dans les décors et en parodiant à tout va les
classiques du genre. C'est indiscutablement fun, même si un peu répétitif.
De temps à autre, il se permet des incursions vers d'autres genres de
comique, et ce n'est pas plus mal : la course-poursuite à la Tex Avery au
début est assez exceptionnelle. Malheureusement, il rajoute aussi une
bluette ridicule pour tenter de faire tenir le semblant de scénario, pas
franchement du meilleur effet.
N'allez donc pas voir ce film en espérant y trouver une oeuvre construite
suivant de quelconques standards, son seul intérêt est de se défouler
pendant une centaine de minutes. Objectif atteint, mais on peut tout de
même se demander si Chow ne gagnerait pas à agrémenter ses délires d'un
peu plus de rigueur narrative.
Roupoil, 7 juillet 2005.