Collision,

film de Paul Haggis (2004)



Avis général : 5/10
:-) Un sens du récit certain. Une brochette d'acteurs impressionnante. Un effort louable de traitement non hypocrite sur le sujet principal, le racisme.
:-( Mais que c'est lourd et démonstratif ! A faire passer un plat de tagliatelles carbonara au miel pour de la cuisine diététique.

Voilà donc la dernière tentative venue d'outre-Atlantique pour faire un film intelligent sur un sujet compliqué. A en croire la majorité des critiques et surtout de spectateurs, ce serait une brillante réussite. Mais ils n'auront pas réussi à m'influencer, puisque je suis allé le voir par hasard, n'ayant que le vague souvenir d'en avoir lu du bien (j'ai du, pour une fois, me renseigner ailleurs que dans mon Télérama, qui est le seul à le descendre en flammes...).

Résumer un film comme celui-ci n'est pas franchement évident, dans la mesure où une dizaine de personnages importants s'y croisent. C'est même le principe du film : des gens que le destin (le hasard ?) rapproche à diverses reprises au cours de 24 heures mouvementées à Los Angeles. Ce procédé étant presque devenu classique, la question est de savoir ce que Paul Haggis veut nous raconter sur ces gens. Eh bien, il est essentiellement question de racisme, et de montrer à quel point les gens sont compliqués.

Bon, je préviens, je vais pas être très tendre, mais l'amas de gens fascinés m'a trop fait bondir pour que je puisse ne pas réagir. Le film est extrêmement surestimé. Certes, la construction est plutôt réussie, ce qui n'est pas forcément évident quand on a tant d'histoires à gérer à la fois (d'ailleurs, il reste un amas de coincidences un peu trop gros pour être crédible, resserrer l'action sur quelques personnages de moins n'aurait sûrement pas nui). Certes, les acteurs et les personnages qu'ils interprètent sont pour la plupart intéressants (mais pas tous, celui de Sandra Bullock par exemple étant passablement grotesque).

Mais pour l'essentiel, à savoir la réflexion et le message qu'on cherche à nous faire passer, c'est pas vraiment ça ! Oui, on veut bien un film qui parle du racisme sans ambages, oui, on veut bien un film qui nous présente des hommes et des femmes ni blancs ni noirs (ouh, le jeu de mots, désolé, j'ai pas pu résister), mais était-ce vraiment nécessaire de noyer ces bonnes intentions sous tant de clichés et de lourdeur dans la démonstration ? La première partie fait déjà peur, avec sa dichotomie des personnages blancs et racistes (sauf un) contre noirs/latinos frustrés par leur condition. Mais c'est nettement pire ensuite, quand on cherche à renverser cette image à grand renfort de bons sentiments. La scène où Matt Dillon sauve d'une voiture en flammes la nana qu'il a ignoblement pelotée un peu plus tôt laisse pantois tant elle continue à en rajouter alors qu'on n'y croyait déjà pas au début...

A insister aussi systématiquement, Paul Haggis finit par vraiment gâcher un sujet qui aurait de fait pu donner un bon, voire un grand film. Ca aurait même pu être celui-ci, car il n'y a pas grand chose à reprocher sr la forme. Mais avec un fond pareil, désolé de dire ça, mais ça a pu passer pour remarquablement intelligent auprès de l'américain moyen, mais ça ne prendra pas avec moi.

Roupoil, 20 septembre 2005.



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