Voilà donc la dernière tentative venue
d'outre-Atlantique pour faire un film intelligent sur un sujet compliqué.
A en croire la majorité des critiques et surtout de spectateurs, ce serait
une brillante réussite. Mais ils n'auront pas réussi à m'influencer,
puisque je suis allé le voir par hasard, n'ayant que le vague souvenir
d'en avoir lu du bien (j'ai du, pour une fois, me renseigner ailleurs que
dans mon Télérama, qui est le seul à le descendre en flammes...).
Résumer un film comme celui-ci n'est pas franchement évident, dans la
mesure où une dizaine de personnages importants s'y croisent. C'est même
le principe du film : des gens que le destin (le hasard ?) rapproche à
diverses reprises au cours de 24 heures mouvementées à Los Angeles. Ce
procédé étant presque devenu classique, la question est de savoir ce que
Paul Haggis veut nous raconter sur ces gens. Eh bien, il est
essentiellement question de racisme, et de montrer à quel point les gens
sont compliqués.
Bon, je préviens, je vais pas être très tendre, mais l'amas de gens
fascinés m'a trop fait bondir pour que je puisse ne pas réagir. Le film
est extrêmement surestimé. Certes, la construction est plutôt réussie, ce
qui n'est pas forcément évident quand on a tant d'histoires à gérer à la
fois (d'ailleurs, il reste un amas de coincidences un peu trop gros pour
être crédible, resserrer l'action sur quelques personnages de moins
n'aurait sûrement pas nui). Certes, les acteurs et les personnages qu'ils
interprètent sont pour la plupart intéressants (mais pas tous, celui de
Sandra Bullock par exemple étant passablement grotesque).
Mais pour l'essentiel, à savoir la réflexion et le message qu'on cherche à
nous faire passer, c'est pas vraiment ça ! Oui, on veut bien un film qui
parle du racisme sans ambages, oui, on veut bien un film qui nous présente
des hommes et des femmes ni blancs ni noirs (ouh, le jeu de mots, désolé,
j'ai pas pu résister), mais était-ce vraiment nécessaire de noyer ces
bonnes intentions sous tant de clichés et de lourdeur dans la
démonstration ? La première partie fait déjà peur, avec sa dichotomie des
personnages blancs et racistes (sauf un) contre noirs/latinos frustrés
par leur condition. Mais c'est nettement pire ensuite, quand on cherche à
renverser cette image à grand renfort de bons sentiments. La scène où Matt
Dillon sauve d'une voiture en flammes la nana qu'il a ignoblement pelotée
un peu plus tôt laisse pantois tant elle continue à en rajouter alors
qu'on n'y croyait déjà pas au début...
A insister aussi systématiquement, Paul Haggis finit par vraiment gâcher
un sujet qui aurait de fait pu donner un bon, voire un grand film. Ca
aurait même pu être celui-ci, car il n'y a pas grand chose à reprocher sr
la forme. Mais avec un fond pareil, désolé de dire ça, mais ça a pu passer
pour remarquablement intelligent auprès de l'américain moyen, mais ça ne
prendra pas avec moi.
Roupoil, 20 septembre 2005.