Ca y est, Hollywood a encore une fois été happée par le
syndrome du buzz, le film dont les spectateurs sont censés ne rien savoir
avant d'aller le voir. Pas franchement ma tasse de thé a priori, mais de
toute façon je me suis renseigné un peu plus avant d'aller le voir, et la
bande-annonce était malgré tout assez révélatrice. Ah, et puis pour être
tout à fait honnête, ce n'est pas moi qui tenais à aller le voir !
En tout cas, pour ceux qui auraient échappé à la campagne de pub, il
s'agit d'une attaque surprise contre Manhattan menée par un gros monstre
mystérieux. Tout ça vu par les yeux d'un jeune homme qui faisait le
caméraman à la soirée d'adieu d'un de ses potes qui s'appretait à partir
bosser au Japon. Le film alterne en gros des bouts de l'histoire
sentimentale de ce garçon et des scènes de panique et autre fuite éperdue
propres au genre film-catastrophe.
Pour commencer, je dois avouer que je suis bien embêté au moment d'écrire
cette critique, puisque ce film va être le deuxième (si ma mémoire est
bonne) à être critiqué ici sans que je ne l'ai vu intégralement (l'autre,
c'était le Satyricon de Fellini), explications plus loin. En
fait, c'est très étrange, car ce film nous est vendu comme un blockbuster
à la mode alors que c'est au fond un film hyper expérimental. Le pire,
c'est même que ça marche, alors qu'en tant que blockbuster il est
franchement médiocre : le scénario est une gentille repompe peu inspirée
de classiques du genre (sans vouloir spoiler, ils auraient pu baptiser le
monstre Godzalien), avec invraisemblances énormes à la clé et surtout une
pseudo romance totalement inintéressante. M'enfin, on a l'habitude. Par
contre, aucune excuse pour les acteurs qui sont tous en bloc à côté de la
plaque, incapables de faire autre chose que crier "Oh my god !" avec l'air
absent (mais pas le moins du monde choqué) quand un de leurs potes meurt.
Ce serait donc juste un navet de plus s'il n'y avait le concept technique
: tout filmé au caméscope, avec image tremblante et cadrages aléatoires.
Le réalisateur était-il vraiment obligé d'en rajouter au point de donner à
certains (dont moi...) une sérieuse nausée qui m'obligea à fermer les yeux
sur nombre de scènes ? C'est tout de même un poil frustrant, mais le
dispositif a le (grand) mérite de permettre quelques scènes de panique
d'un réalisme brut assez intéressant. Même hors des scènes de foule, on a
droit à quelques passages où il réussit à retourner l'agaçante mode des
scènes d'action épileptiques où on ne comprend rien en concentré de stress
fort efficace (l'attaque dans le tunnel notamment).
L'idée de départ était donc loin d'être idiote, mais avoir voulu la coller
sur un blockbuster formaté n'est pas vraiment judicieux. Il aurait
sûrement mieux valu assumer la radicalité, ne pas greffer l'histoire
personnelle des gens filmer et surtout ne pas en révéler autant sur
l'origine de l'attaque. Là, le film aurait pu être réellement terrifiant.
En l'état, c'est un drôle d'objet que, pernnellement, je n'ai aucune envie
de revoir...
Roupoil, 26 février 2008.