De retour de vacances, petit rattrapage ciné habituel
avec, pour la première fois depuis fort longtemps, pas moins de trois
films dans la même journée ! Pour commencer, pas vraiment le plus
abordable des trois, un film de guerre chinois en noir et blanc remarqué
par la critique après avoir fait un petit tour des festivals. Bref, le
genre de truc pour cinéphile qui peut être un horrible pensum ou au
contraire une vraie pépite.
La guerre en question, c'est le conflit sino-japonais qui a commencé peu
avant le début de la deuxième guerre mondiale, et s'est chevé en même
temps que celle-ci. En gros, en 1937, les japonais décident d'envahir la
Chine, et le film s'attarde plus particulièrement sur l'épisode de la
prise de Nankin, capitale de la République chinoise à l'époque, et
théâtre du massacre d'un nombre de chinois pas vraiment clairement
déterminé mais élevé (au moins quelques dizaines de milliers). Tout cela
étant dit, pas besoin d'être un spécialiste en histoire orientale pour
comprendre ce qui se passe, il suffit d'arriver à distinguer les chinois
des japonais (et les japonais entre eux). Le film débute sur la prise de
la ville proprement dite, et enchaine sur l'occupation par les japonais
et la gestion d'une zone de sécurité placée sous contrôle d'un nazi (eh
oui) où se sont réfugiés plein de chinois, le tout émaillé d'exécutions
et autre violences brutales.
Une première phase du film est donc consacrée à des scènes de bataille
dans la ville déjà en ruine, voyant les japonais prendre la mesure des
derniers combattants chinois. En noir et blanc mais caméra à l'époque,
beaucoup de mouvements et très peu de dialogues, c'est une mise en scène
assez hiératique mais plutôt intéressante, qui attise la curiosité, même
si c'est un brin confus. Cette partie du film est en fait certainement
la meilleure. À partir du moment où les combats se calment et où le
réalisateur décide d'esayer de nous faire suivre les trajectoires de
quelques personnages dans le chaos des massacres et autres viols en
grand nombre, ça se gâte pas mal. Toujours aussi peu de dialolgues, ce
qui a pour conséquence fâcheuse que les personnages en question se
résument à ce qu'on peut deviner d'eux, ce qui en fait rapidement
d'affreux archétypes. C'est particulièrement flagrant des deux japonais
mis en valeur : un commandant qui est une ordure immonde sans l'ombre
d'un début d'humanité, et au contraire un simple soldat au coeur grand
comme ça tout perdu dans ce fatras d'horreurs. Mouais, un peu simpliste
tout ça. Ce n'est pas vraiment mieux niveau chinois, on a bien un
traitre mais on a du mal à saisir sa logique, et le reste des
personnages est complètement transparent.
Peut-etre pour compenser cela et ajouter une composante émotionnelle
nécessaire (ça n'y va pas de main morte au niveau des horreurs
retranscrites à l'écran), la réalisation sobre est gonflée à gros coups
de plans étirés à l'extrême et autres crises de larmes en gros plans
(et même parfois de musique peu subtile). Ca devient vite d'autant plus
lourd qu'on n'arrive définitivement pas à se laisser prendre par tout
ça. Enfin, je dis ça, ma voisine dans la salle a tout de même eu un gros
craquage qui l'a poussée à s'effondrer en larmes sur son voisin (pas
moi, hein, l'autre voisin). En ce qui me concerne, j'observais tout cela
d'un oeil de plus en plus ennuyé, ne voyant pas bien où tout cela
voulait en venir. De fait, ça ne va nulle part et nous dit pas grand
chose de plus que "la guerre, quand même, des fois, c'est moche". Oui,
certes. Ah, si, tout de même, un personnage surprenant dans le lot,
celui du gentil nazi (c'est assez rare pour être souligné !) qui essaye
de faire ce qu'il peut pour limiter le désastre (mais qui n'y arrive
pas).
Au final, un film tout de même très pesant, qui vous plombe assez
singulièrement le moral sans même vous avoir mis en joie
cinématographiquement parlant. Ok, on n'est pas obligé de faire aussi
volontairement porté sur l'émotionnel que La Liste de Schindler
pour faire un bon film de guerre, mais il faut quand même avoir un petit
quelque chose à dire. Ce n'est pas vraiment le cas ici.
Roupoil, 7 août 2010.