City of life and death,

film de Chuan Lu (2009)



Avis général : 3/10
:-) Un travail sur l'image intéressant. Le sujet indéniablement très fort.
:-( Des personnages très schématiques ou caricaturaux. Un point de vue bien difficile à saisir.

De retour de vacances, petit rattrapage ciné habituel avec, pour la première fois depuis fort longtemps, pas moins de trois films dans la même journée ! Pour commencer, pas vraiment le plus abordable des trois, un film de guerre chinois en noir et blanc remarqué par la critique après avoir fait un petit tour des festivals. Bref, le genre de truc pour cinéphile qui peut être un horrible pensum ou au contraire une vraie pépite.

La guerre en question, c'est le conflit sino-japonais qui a commencé peu avant le début de la deuxième guerre mondiale, et s'est chevé en même temps que celle-ci. En gros, en 1937, les japonais décident d'envahir la Chine, et le film s'attarde plus particulièrement sur l'épisode de la prise de Nankin, capitale de la République chinoise à l'époque, et théâtre du massacre d'un nombre de chinois pas vraiment clairement déterminé mais élevé (au moins quelques dizaines de milliers). Tout cela étant dit, pas besoin d'être un spécialiste en histoire orientale pour comprendre ce qui se passe, il suffit d'arriver à distinguer les chinois des japonais (et les japonais entre eux). Le film débute sur la prise de la ville proprement dite, et enchaine sur l'occupation par les japonais et la gestion d'une zone de sécurité placée sous contrôle d'un nazi (eh oui) où se sont réfugiés plein de chinois, le tout émaillé d'exécutions et autre violences brutales.

Une première phase du film est donc consacrée à des scènes de bataille dans la ville déjà en ruine, voyant les japonais prendre la mesure des derniers combattants chinois. En noir et blanc mais caméra à l'époque, beaucoup de mouvements et très peu de dialogues, c'est une mise en scène assez hiératique mais plutôt intéressante, qui attise la curiosité, même si c'est un brin confus. Cette partie du film est en fait certainement la meilleure. À partir du moment où les combats se calment et où le réalisateur décide d'esayer de nous faire suivre les trajectoires de quelques personnages dans le chaos des massacres et autres viols en grand nombre, ça se gâte pas mal. Toujours aussi peu de dialolgues, ce qui a pour conséquence fâcheuse que les personnages en question se résument à ce qu'on peut deviner d'eux, ce qui en fait rapidement d'affreux archétypes. C'est particulièrement flagrant des deux japonais mis en valeur : un commandant qui est une ordure immonde sans l'ombre d'un début d'humanité, et au contraire un simple soldat au coeur grand comme ça tout perdu dans ce fatras d'horreurs. Mouais, un peu simpliste tout ça. Ce n'est pas vraiment mieux niveau chinois, on a bien un traitre mais on a du mal à saisir sa logique, et le reste des personnages est complètement transparent.

Peut-etre pour compenser cela et ajouter une composante émotionnelle nécessaire (ça n'y va pas de main morte au niveau des horreurs retranscrites à l'écran), la réalisation sobre est gonflée à gros coups de plans étirés à l'extrême et autres crises de larmes en gros plans (et même parfois de musique peu subtile). Ca devient vite d'autant plus lourd qu'on n'arrive définitivement pas à se laisser prendre par tout ça. Enfin, je dis ça, ma voisine dans la salle a tout de même eu un gros craquage qui l'a poussée à s'effondrer en larmes sur son voisin (pas moi, hein, l'autre voisin). En ce qui me concerne, j'observais tout cela d'un oeil de plus en plus ennuyé, ne voyant pas bien où tout cela voulait en venir. De fait, ça ne va nulle part et nous dit pas grand chose de plus que "la guerre, quand même, des fois, c'est moche". Oui, certes. Ah, si, tout de même, un personnage surprenant dans le lot, celui du gentil nazi (c'est assez rare pour être souligné !) qui essaye de faire ce qu'il peut pour limiter le désastre (mais qui n'y arrive pas).

Au final, un film tout de même très pesant, qui vous plombe assez singulièrement le moral sans même vous avoir mis en joie cinématographiquement parlant. Ok, on n'est pas obligé de faire aussi volontairement porté sur l'émotionnel que La Liste de Schindler pour faire un bon film de guerre, mais il faut quand même avoir un petit quelque chose à dire. Ce n'est pas vraiment le cas ici.

Roupoil, 7 août 2010.



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