Après un bon mois d'absence à l'autre bout du monde, il
est grand temps pour moi de reprendre mes petites critiques ciné, d'autant
que j'ai pris un peu de retard. Pour commencer, un film que j'ai eu
l'occasion de voir juste avant de partir, et qui marquait mes
retrouvailles légèrement angoissées (au vu de ses derniers films) avec Tim
Burton, et émouvantes avec un des livres de chevet de ma jeunesse. La
bande annonce ne m'avait pas vraiment convaincu, mais c'était un film que,
d'une façon ou d'une autre, je ne pouvais pas manquer.
Il ne m'a fallu que quelques secondes pour être rassuré. Dès le générique,
rythmé par une musique un peu différente de ce à quoi Elfman nous avait
habitués, mais toujours aussi efficace, on sent que Burton a retrouvé sa
pâte, apparement inspiré par le sujet. On pourrait même avoir peur qu'il
ne vampirise totalement l'univers de Roald Dahl, mais le scénario est
somme toute fidèle au livre : le petit Charlie Bucket, qui vit dans la
misère avec ses parents et ses grands-parents, gagne le droit de visiter
l'invraisembable chocolaterie de Willy Wonka, entouré de quatre
insupportables garnements. Nombre de surprises seront au rendez-vous dans
cet étonnant bâtiment...
Je ne gâcherai pas à ceux qui n'ont jamais lu le livre le plaisir de
découvrir les mille et un trésors de la chocolaterie Wonka, l'essentiel
est que Burton ait réussi à rendre crédible l'invraisemblable. À coups de
décors peut-être un peu trop sirupeux, mais qui sont contrebalancés par
le décalage et l'ironie omniprésents. Dans le jeu de Johnny Depp d'abord,
qui campe un Wonka pas vraiment conforme à mes souvenirs du livre, mais
totalement adapté à l'univers du film. Très bonne idée d'ailleurs d'avoir
été lui créer une personnalité intéressante via les flash-back dans son
enfance, qui donne un peu d'épaisseur psychologique à un personnage du
film. Car, il faut bien l'avouer, les autres ne sont souvent que d'atroces
caricatures. Ce qui ne veut pas dire qu'ils soient mauvais, car Burton se
fait plaisir en rendant les quatre "concurrents" de Charlie et surtout
leurs parents encore plus sales et méchants que dans le livre.
Autre point sur lequel Burton en rajoute par rapport à la version papier,
ce sont les chansons des Oompa-Loompas. Certes, les paroles étaient déjà
en soi assez hilarantes, mais mises en scène par Burton et interprétées
par un Deep Roy absurdement démultiplié, on ateint une dimension
supplémentaire qui représente pour moi le clou du film (avec peut-être la
scène du chocolat télévisé et sa géniale allusion à 2001).
Au rayon des légères déceptions, on peut constater que l'inévitable happy
end moralisateur n'a pas pu être évité, mais qu'il aurait peut-être pu
être un peu moins facile (même s'il n'est pas si prévisible que ça). On
peut aussi s'étonner, quand on a rêvé devant le bouquin quand on était
petit, de trouver un univers finalement plus délirant que féérique, mais
on ne peut pas tout avoir, j'imagine que c'était le prix à payer pour le
passage à la moulinette Burtonienne.
Ne nous plaignons pas, donc, les fans de la première heure du grand Tim
sont rassurés : il a retrouvé tout son talent. Et réussi une fois de plus
à transformer ce qui aurait fort bien pu n'être qu'une bête adaptation
commerciale en un film qui ne marquera peut-être pas durablement
l'histoire du cinéma, mais qui réjouira la plupart de ceux qui iront le
voir.
Roupoil, 30 août 2005.