Charlie et la chocolaterie,

film de Tim Burton (2005)



Avis général : 8/10
:-) Un mélange de fidélité au bouquin et d'invention burtonienne qui fonctionne parfaitement. Les chansons délirantes des Oompa-Loompas. Johnny Depp complètement décalé.
:-( Une morale qui reste un peu facile. Quelques passages du livre passés aux oubliettes.

Après un bon mois d'absence à l'autre bout du monde, il est grand temps pour moi de reprendre mes petites critiques ciné, d'autant que j'ai pris un peu de retard. Pour commencer, un film que j'ai eu l'occasion de voir juste avant de partir, et qui marquait mes retrouvailles légèrement angoissées (au vu de ses derniers films) avec Tim Burton, et émouvantes avec un des livres de chevet de ma jeunesse. La bande annonce ne m'avait pas vraiment convaincu, mais c'était un film que, d'une façon ou d'une autre, je ne pouvais pas manquer.

Il ne m'a fallu que quelques secondes pour être rassuré. Dès le générique, rythmé par une musique un peu différente de ce à quoi Elfman nous avait habitués, mais toujours aussi efficace, on sent que Burton a retrouvé sa pâte, apparement inspiré par le sujet. On pourrait même avoir peur qu'il ne vampirise totalement l'univers de Roald Dahl, mais le scénario est somme toute fidèle au livre : le petit Charlie Bucket, qui vit dans la misère avec ses parents et ses grands-parents, gagne le droit de visiter l'invraisembable chocolaterie de Willy Wonka, entouré de quatre insupportables garnements. Nombre de surprises seront au rendez-vous dans cet étonnant bâtiment...

Je ne gâcherai pas à ceux qui n'ont jamais lu le livre le plaisir de découvrir les mille et un trésors de la chocolaterie Wonka, l'essentiel est que Burton ait réussi à rendre crédible l'invraisemblable. À coups de décors peut-être un peu trop sirupeux, mais qui sont contrebalancés par le décalage et l'ironie omniprésents. Dans le jeu de Johnny Depp d'abord, qui campe un Wonka pas vraiment conforme à mes souvenirs du livre, mais totalement adapté à l'univers du film. Très bonne idée d'ailleurs d'avoir été lui créer une personnalité intéressante via les flash-back dans son enfance, qui donne un peu d'épaisseur psychologique à un personnage du film. Car, il faut bien l'avouer, les autres ne sont souvent que d'atroces caricatures. Ce qui ne veut pas dire qu'ils soient mauvais, car Burton se fait plaisir en rendant les quatre "concurrents" de Charlie et surtout leurs parents encore plus sales et méchants que dans le livre.

Autre point sur lequel Burton en rajoute par rapport à la version papier, ce sont les chansons des Oompa-Loompas. Certes, les paroles étaient déjà en soi assez hilarantes, mais mises en scène par Burton et interprétées par un Deep Roy absurdement démultiplié, on ateint une dimension supplémentaire qui représente pour moi le clou du film (avec peut-être la scène du chocolat télévisé et sa géniale allusion à 2001).

Au rayon des légères déceptions, on peut constater que l'inévitable happy end moralisateur n'a pas pu être évité, mais qu'il aurait peut-être pu être un peu moins facile (même s'il n'est pas si prévisible que ça). On peut aussi s'étonner, quand on a rêvé devant le bouquin quand on était petit, de trouver un univers finalement plus délirant que féérique, mais on ne peut pas tout avoir, j'imagine que c'était le prix à payer pour le passage à la moulinette Burtonienne.

Ne nous plaignons pas, donc, les fans de la première heure du grand Tim sont rassurés : il a retrouvé tout son talent. Et réussi une fois de plus à transformer ce qui aurait fort bien pu n'être qu'une bête adaptation commerciale en un film qui ne marquera peut-être pas durablement l'histoire du cinéma, mais qui réjouira la plupart de ceux qui iront le voir.

Roupoil, 30 août 2005.



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