Chantons sous la pluie,

film de Stanley Donen et Gene Kelly (1952)



Avis général : 4/10
:-) Quelques numéros musicaux réveillent le spectateur de temps en temps. Donald O'Connor est rigolo par moments.
:-( Un scénario inintéressant, prétexte à des numéros répétitifs (désolé, mais les claquettes, ça va deux minutes, et encore), sur une musique souvent mauvaise. Je ne dois pas être fait pour les comédies musicales, en tout cas, je trouve que ce genre de film a terriblement mal vieilli.

J'ai hésité un petit moment avant d'écrire cette critique, puis sur le contenu qu'elle devait avoir. Est-ce que je dois juger un film comme Chantons sous la pluie suivant les mêmes critères que les films qui sortent de nos jours, auquel cas la critique va être un joyeux massacre, ou essayer de le voir avec les yeux des spectateurs de l'époque ? Poser la question revient à y répondre : je ne vais pas m'amuser à me transposer virtuellement à une époque que je n'ai pas connue pour donner un jugement qui ne correspondrait à rien, c'est donc parti pour un démontage en règle qui fera sûrement mal à tous les fans de ce film-culte :-).

Hollywood à la fin des années 20. Don Lockwood et Lina Lamont forment un couple phare du cinéma planplan qui est à la mode à l'époque. Seulement, une révolution se profile : l'apparition du parlant. Et un gros problème à l'horizon puisque Lina n'est qu'une bécasse qui zozote. Qu'à celà ne tienne, elle sera doublée par la fringante Kathy Seldon, qui en profite pour taper dans l'oeil de Lockwood.

Le scénario est un hommage aux films hollywoodiens de l'époque (je veux dire, de l'époque de la fin du muet) et n'est de toute façon qu'un prétexte pour introduire un numéro musical toutes les cinq minutes (ça vaut mieux vu sa platitude), lesdits numéros étant eux-mêmes des reprises/arrangements de tubes des années 30. À ce sujet, je dois d'ailleurs dire que le deuxième DVD accompagant le film dans l'édition que j'ai eue entre les mains au moment du visionnage est particulièrement intéressant pour comprendre la genèse du film et même pour le coup agréable à regarder : au moins, il n'y a pas prétention à faire un film cohérent, mais seulement une accumulation d'archives plus ou moins amusantes (l'original de Singin'in the rain est particulièrement gratiné). Il donne aussi un éclairage différent au film en lui rendant son côté hommage qui peut passer inaperçu de nos jours.

Cela ne suffit toutefois pas à le sauver, car il faut bien avouer qu'on (ou du moins je) ne s'amuse pas beaucoup à la vision de ce grand classique du cinéma. Les scènes de transition n'ont à peu près aucun intérêt (l'intrigue amoureuse est mauvais au possible, et si on veut un bon vieux film hollywoodien sur les coulisses du cinéma, mieux vaut se tourner vers All about Eve de Mankiewicz), les scènes soi-disant comiques peinent à arracher un sourire indulgent, et le clou du film, les scènes dansées ne valent guère mieux. C'est bien évidemment dur ce dernier point qu'on pourra trouver ma critique criticable, mais je suis désolé de dire que voir un gars tenter de se démembrer comme une poupée me lasse assez rapidement, et Gene Kelly faisant joujou dans les flaques d'eau ne suffit pas à me scotcher à l'écran. Mais bon, je ne prétends pas non plus envoyer les chorégraphies à la poubelle, c'est simplement que je n'aime pas tellement la danse en général, et que ce style de chorégraphie me semble particlièrement dénué d'intérêt. Si encore ces scènes étaient sauvées par une musique sympathique ! Mais même pas, à l'exception de la chanson-titre et de Good Morning qui se laissent écouter sans déplaisir (même si cette dernière me fait irrésistiblemnent penser au générique des Tiny Toons, ce qui n'est toutefois pas très dommageable dans la mesure où ça a au moins le mérite de me faire marrer), le reste est une soupe infâme, très loin de ce qui s'est fait de mieux niveau comédie musicale dans les années 30. Du coup, une scène comme celle de Broadway à la fin du film paraît interminable et devient même pénible à la longue.

Pas la peine de continuer plus longtemps à dire du mal du film, vous l'aurez compris, j'ai beaucoup de mal à comprendre l'enthousiasme qu'a pu suciter ce film à sa sortie et jusqu'à aujourd'hui. Il me semble que, même à l'époque, beaucoup de films hollywoodiens étaient autrement plus réussis (au hasard les comédies de Billy Wilder). Que ceux qui prétendent qu'une vision de Chantons sous la pluie les fait rayonner de bonheur aillent faire des claquettes dans les flaques d'eau si ça leur chante, moi, comme film musical, je préfère mille fois revoir Moulin Rouge de Baz Luhrmann.


Roupoil, 8 août 2004.



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