Changement d'adresse,

film d'Emmanuel Mouret (2006)



Avis général : 7/10
:-) C'est léger, marrant, et un mélange de justesse et d'irréalisme assez intéressant.
:-( Le scénario est un peu inconsistant.

Cinquième et dernier film pour cette Fête du Cinéma, tentons quelque chose d'un peu plus surprenant que ce que j'ai vu jusque là. Mouret est présenté depuis quelques années comme le successeur de Rohmer, mais je n'avais pas encore eu l'occasion de voir ses films, et j'ai par ailleurs un trou béant dans ma culture ciné à la case Rohmer (un seul essai, concluant mais pas renouvelé).

Déjà, les thèmes abordés me concernent assez directement : un jeune prof de cor débarque à Paris, où il dégote par hasard une colocation avec une blonde et faitaisiste jeune femme. Alors qu'on les croit faits l'un pour l'autre, on apprend que la blonde fantasme sur un de ses clients, alors que le prof tombe amoureux d'une élève (franchement, quelle drôle d'idée :-) ). Mais tout ne fonctionne pas comme prévu pour eux...

De loin, comme ça, on pourrait s'attendre à une bonne vieille comédie romantique comme on les aime (ou pas). De fait, c'en est une, mais tellement différente de ce qu'on nous sert habituellement qu'on n'a pas envie de la classer dans la même catégorie. Dès la première discussion entre nos deux colocs, pleine d'humour absurde débité sur un ton curieusement détaché, on entre dans un drôle d'univers, dont on se demande en permanence s'il est ridicule ou génial. En tout cas diablement séduisant.

Rohmer, vous avez dit ? Oui, l'influence est assez évidente. Les histoires de coeur farfelues, le milieu artistico-bourgeois, les dialogues savoureux, etc... Mais Mouret a aussi sa propre personnalité, et oriente plus volontiers son film vers la franche comédie. De fait, on rit souvent, et pas seulement grâce au dialogue, car le comique de situation est aussi largement et fort efficacement exploité. Le souci, c'est que c'est un peu au détriment de l'intrigue. Mouret multiplie les petits rebondissements pour faire durer son film, mais ne semble pas avoir grand chose à dire sur ses personnages, en nombre il est vrai assez limité : en gros quatre, dont une mutique. Notons au passage les belles performances d'acteurs, notamment Frédérique Bel en ahurie sympa (qui me fait irrésistiblement penser à la Phoebe de Friends, d'ailleurs). Ah, et la musique, du bon classique (concertos pour cor notamment, forcément).

Tout ça fait que je me sens très à l'aise dans le petit monde de monsieur Mouret, et que malgré les défauts évidents du film (qui réussit à se répéter pas mal alors qu'il dure moins d'une heure et demie), j'ai passé un fort bon moment. Mais je ne suis pas sûr que ça plaise à tout le monde, il faut avoir le bon état d'esprit pour apprécier pleinement ce petit film plein de fantaisie.

Roupoil, 2 juillet 2004.



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