Est-il bien nécessaire de présenter un film comme
celui-ci ? En fait, je me pose tout de même la question, car je ne suis
pas sûr que parmi les jeunes générations (dont je fais partie :-) ), tout
le monde ait eu l'occasion de se frotter aux fleurons de la comédie
hollywoodienne. Quoi qu'il en soit, je connaissais déjà bien ce film avant
de le revoir l'autre jour, pour avoir eu la chance de l'étudier en cours
d'anglais au lycée (eh oui, parfois, les profs en lycée ont de bonnes
idées).
Le scénario est prétexte à l'un des premiers et plus célèbres numéros de
travestissement de l'histoire du cinéma. Recherchés par un mafieux
caricatural (dont on voit plus souvent les guêtres que le visage...) pour
avoir assisté involontairement à un massacre dans un garage (on est en
pleine Prohibition), deux musiciens fauchés s'introduisent, déguisement
aidant, dans un orchestre de jeunes femmes, direction la Floride. Ils y
trouveront tous deux l'amour, l'un sous les généreuses formes de Marilyn,
l'autre ... chez un millionaire du style collant.
Je ne m'étendrai pas plus sur l'intrigue, qui n'est pas (ou du moins plus)
d'une originalité à couper le souffle, mais qui remplit efficacement son
rôle. Elle donne en tout cas lieu à une avalanche de poursuites,
acrobaties et déguisements divers de la part de nos héros (Tony Curtis et
Jack Lemmon, absolument parfaits dans leurs rôles), filmés avec un
enthousiasme communicatif par un Wilder manifestement en pleine forme. Que
les réalisateurs d'aujourd'hui en prennent donc de la graine, non
seulement on rit beaucoup à la vision de Certains l'aiment chaud
mais, même entre deux gags ou répliques hilarantes, on ne s'ennuie pas une
seconde.
Le côté comique n'est bien sûr pas oublié pour autant. Les dialogues sont
millimétrés (je ne vais pas faire une dissertation sur la dernière
réplique d'Osgood, mais elle n'est pas devenue aussi célèbre pour rien, et
elle est vraiment phénoménale à l'écran), la romance entre Curtis et
Marilyn (dont on se demande parfois à quel point elle le fait exprès, mais
qui est en tout cas terrible en blonde alcoolique joueuse de ukulélé et
amatrice de beaux gosses à lunettes) est dynamitée par le ridicule
totalement assumé des situations (la drague sur le yacht, ou comment
transformer un monument de mièvrerie en scène inoubliable). Et Jack
Lemmon revenant d'une folle nuit passée à danser le tango est à mourir de
rire.
Bon, je vais arrêter là les louanges, je ne vois vraiment rien à redire à
ce film, sûrement l'une des toutes meilleures comédies jamais réalisées,
talonnée par quelques autres réalisations de Wilder d'ailleurs. La seule
chose qui me retient de lui mettre 10/10, c'est finalement que ce n'est
"que" une comédie formidable, mais c'est déjà beaucoup.
Roupoil, 4 mars 2005.