Que faites-vous quand vous avez quelques heres à tuer
chez vous le soir avant de vous endormir ? Le conseil du chef : mettez un
petit Scorsese, ça vous bouffera un paquet de temps et avec u peu de
chance, vous aurez plus envie de vous coucher après qu'avant ;-). Bon, au
lieu de dire des méchancetés, je ferais mieux de parler du film, qui doit
être le premier Scorsese que j'aie vu (ah non, tiens, j'ai peut-être vu
Le Temps de l'innocence avant, mais ça ressemble pas à un
Scorsese), et ça reste sûrement mon préféré...
Certains prétendent que le scénario est honteusement proche de celui des
Affranchis du même auteur. ils ont parfaitement raison, mais
après tout, pourquoi changer une recette qui marche ? On retrouve donc la
mafia dans l'univers clinquant des casinos de Las Vegas, en particulier
celui dirigé par De Niro, qui se croit un mec bien maintenant qu'il a un
vrait boulot. Pas de pot, son pote Nicky, un teigneux (normal, c'est Joe
Pesci qui le joue) va venir foutre sa merde. Sans compter que l'ami Sam
(De Niro) se fout dans la tête de se marier avec une ancienne pute, ce qui
va le rendre lui aussi assez nerveux.
Les trois heures du film (eh ouais) gravitent autour de ces trois
personnages principaux, à grands renforts de vois off (des deux mecs) pour
expliquer le tout en détail. Autant dire que ça prend son temps, et que le
procédé peut au premier abord paraitre un peu pesant. De fait, c'est un
peu une illustration théâtrale que nous fait Scorsese, avec au final
extrêmement peu de scènes vraiment animées si ce n'est peut-être les
mémorables disputes entre Stone et De Niro. Mais c'est pas grave, on prend
quand même, car tout est trop bien foutu dans ce film.
La réalisation, comme toujours chez Scorsese (même si je suis pas fan en
général, je lui ai toujours accordé ce point-là), est brillante, et les
scènes de casino sont un plaisir pour les yeux. Les acteurs sont vraiment
en très grande forme, notamment une Sharon Stone assez inattendue. Comme
en plus les personnages sont loins d'être inintéressants (enfin, celui de
Pesci est comme toujours un brin caricatural, mais celui de De Niro est
vraiment complexe), on a l'impression de vraiment pénétrer au coeur d'un
monde fascinant, ce qui suffit à maintenir l'intérêt jusqu'à un final
hyper classique mais diablement efficace (heureusement car le film
s'essoufle un petit peu sur la fin).
Et puis, qui n'a jamais rêvé de voir le dessous des cartes de Las Vegas ?
Bon, ok, ce jeu de mots était pourri, mais j'en profite pour ajouter que
les quelques scènes où le patron chope des tricheurs sont excellentes, et
pour recommander à tous ce film car, même si Scorsese se regarde un peu
filmer par moments, il n'a pas tout à fait tort au fond.
Roupoil, 14 avril 2006.