Finalement, pour un gars qui ne va plus au ciné, mon cas
n'est pas totalement désepéré, j'arrive encore à tenter, entre deux grosses
productions hollywoodiennes, un petit film venu également d'Amérique, mais
d'un pays moins exportateur de bobines : l'Argentine. Quoique, d'ailleurs,
ça fasse quelques années déjà que les films argentins fassent le bonheur
de la critique par chez nous. Mais en ce qui me concerne, c'était si je ne
m'abuse une première fois.
Un carancho, comme vous ne le savez peut-être pas, c'est un avocat qui monte
des arnaques à l'assurance automobile (les accidents de la route étant légion
en Argentine). Sosa exerce ce métier un peu étrange, après avoir été radié du
barreau pour une raison qu'on ne connaitra jamais. Lors d'une de ses sorties,
il croise Lujan, jeune femme mèdecin qui se drogue pour tenir le coup au vu
de ses conditions de travail épouvantables. Ces deux-là vont se taper dans
l'oeil et essayer de se creuser un sillon dans un univers particulièrement
sordide.
Si le film tente de dépeindre en arrière-plan la situation sociale dramatique
de son pays, il est avant tout un thriller violent et mouvementé lorgnant
volontiers du côté des films de gangsters de Scorsese. Il devrait donc y avoir
de quoi s'occuper à l'écran. Et pourtant, incroyable mais vrai, on s'emmerde
assez copieusement devant ce film (enfin, moi du moins). La faute notamment à
une réalisation qui ne se préocuppe pas le moins du monde de donner un
semblant de rythme à l'intrigue, mais qui se regarde le nombril, étirant
systématiquement et sans aucune raison les plans les plus insignifiants (pas
moches par ailleurs, mais du coup on passe son temps à attendre que ça bouge
un peu).
Si au moins la romance très forcée qui accompagne l'action était touchante, on
pourrait sauver le film. Mais elle est insipide, et Martina Gusman, dans le
rôle féminin, est tellement à côté de la plaque (je serais presque curieux de
voir à quoi ressemblait sa prestation acclamée dans Leonera qu'elle
en rend son personnage insupportable (en gros, zéro émotion et tirage de
tronche tout le long du film...). Sosa est plus intéressant bien qu'un peu
trop rentre-dedans.
Le peu d'intérêt du film provient de ses scènes d'action assez réussies, et
le final serait même tout à fait réussi s'il n'était aussi facilement
prévisible. Globalement, tout de même une très grosse déception. Pas sûr que
je goute à nouveau au cinéma argentin avant un moment.
Roupoil, 5 mars 2010.