Cannibal Holocaust,

film de Ruggero Deodato (1980)



Avis général : 5/10
:-) Un scénario loin d'être idiot...
:-( ... mais finalement assez mal exploité.

Continuons notre exploration de films "différents" avec l'un des sommets du genre, et même à en croire la jaquette du DVD le film le plus controversé de l'histoire du cinéma. De fait, il a cumulé à sa sortie une quantité d'interdictions et censures assez phénoménale et sa réputation sulfureuse ne l'a pas quitté depuis. Comme toujours, la meilleure façon de se faire une idée est de regarder.

Dans un recoin perdu de la jungle amazonienne, un ethnologue lance une expédition de secours à la recherche d'un groupe de quatre reporters partis quelques semaines plus tôt sur la piste de tribus cannibales. Il réussit à se faire accepter par la féroce tribu et à récupérer les films tournés les reporters. La chaine de télé pour laquelle ces derniers travaillaient envisage de passer ces bandes en prime time sans même les avoir regardées auparavant. Pourtant, les méthodes de travail employées sont pour le moins discutables...

La bonne surprise à la vue de ce film, c'est qu'en fait il n'est pas du tout inregardable (comme, je dois l'avouer, je m'y attendais), mais se veut au contraire tout à fait sérieux. L'ambition de Deodato était manifestement de faire une méta-critique de l'utilisation de la violence à la télévision, et il dispose au moins d'une très bonne idée : la construction du film en deux temps, avec le film dans le film constitué du reportage retrouvé par Monroe (procédé qui a depuis fait des émules, notamment le famaux Projet Blair Witch), cumulée à l'époque de la sortie avec des rumeurs sur la réalité des faits reportés.

Malheureusement, le film s'arrête à peu de choses près aux bonnes intentions. Sous couvert de dénonciation, le film montre de fait un certain nombre d'atrocités (mais rien d'insoutenable pour quiconque ne tombe pas dans les pommes à la première dissection venue, ceci dit), mais manque beaucoup trop de recul pour que la réflexion soit vraiment intéressante. Les personnages sont trop sommaires pour que le malaise prenne vraiment : que ce soient les gens de la télévision complètement bornés ou les reporters sadiques, il manque un vrai contrepoint (la nana du groupe tente bien de s'interposer pour limiter les horreurs commises par ses copains, mais c'est léger). Du coup, les atrocités s'enchainent et on tombe dans la complaisance voyeuriste qu'on cherche à dénoncer...

C'est ballot, pour une fois qu'on a un film d'horreur avec un vrai sujet (ce qui est tout de même loin d'être le cas d'une bonne partie de la production du genre actuelle), celui-ci est loin d'être exploité au mieux. Avec un peu plus de subtilité, le film aurait pu devenir un vrai classique digne d'un Orange mécanique. En l'espèce, il vaut tout de même le coup d'oeil, ne serait-ce que pour le débarasser d'une réputation finalement peu justifiée.

Roupoil, 1 juillet 2006.



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