Hop, hop, hop, on enchaine. La DVDthèque de mes parents n'étant pas des
plus fournies (les rares qu'ils possèdent font partie de collections
livrées avec leur journal préféré et sont pour la quasi-totalité toujours
enfermés dans leur plastique d'origine), le choix est assez restreint et
essentiellement composé de films français. Bon, c'est l'occasion d'aller
farfouiller des coins obscurs de notre cinématographie nationale que je
n'aurais sûrement jamais découverts autrement, par exemple l'univers de
Jeanne Labrune, pas vraiment une star mais le film faisait tout de même
partie d'une anthologie de "succès du cinéma français".
C'est incontestablement français, et pourtant pas totalement éloigné d'un
certain sens de l'absurde plus fréquemment rencontré chez nos voisin
grands-bretons. Ca se commence sur une assez abracadabrante histoire de
pourrissement de bois recouvert de plastique, un prétexte pour faire la
connaissance des quelques personnages qui peuplent le film : j'ai oublié
tous les prénoms, mais il y a deux jeunes femmes, l'une assez gouailleuse
et l'autre plus cérébrale (comprendre à moitié cinglée), une dame âgée, un
couple dont le mari est psychanaliste à tendance schizophrène, et leur ami
vaguement névrosé qui essaie de se mettre au régime. Tous ces gens se
croisent sur fond de commode (le meuble), mais pas vraiment d'intrigue à
tiroir à l'horizon.
Jeanne Labrune qualifie elle-même son film de fantaisie. Il est toutefois
manifeste que, derrière sa façade modeste de comédie légère et subtilement
décalée, l'ambition est plus grande : analyser les ressorts de la
psychologie de ces personnages via leurs réactions des situations plutôt
incongrues. Bref, de la comédie plus ou moins intello qui se gargarise un
peu de ses brillantes répliques. Le risque de tomber dans la prétention
vaine est grand, et le film n'y échappe pas totalement (les scènes où les
protagonistes analysent à voix haute les événements récents, par exemple,
me semblent totalement superflues). D'ailleurs, pendant quelques minutes,
on a même vraiment peur de se sentir obligé de le détester.
Et puis plus ça avance, et moins on ressent cette volonté de briller ; et
plus on rentre dans l'esprit des personnages et on rit et on apprécie la
finesse des situations. C'est sans doute dû en bonne partie au jeu des
comédiens, tous assez inspirés, et à des dialogues assez savoureux, qui
évitent l'écueil d'ajouter à l'incongruité des sujets abordés, qui se
suffit à lui-même.
On se surprend finalement à apprécier justement ce qui rebutait au premier
abord, le côté décalé (et affiché) de l'ensemble. Mais bon, finalement, on
ne ve pas se plaindre de trouver un petit film qui ne fait pas dans le
comique lourdingue comme on en voit si souvent. Un moment de fraicheur, à
défaut de plus (il faut bien avouer que niveau mise en scène, c'est le
néant complet, par exemple...).
Roupoil, 6 août 2006.