Broken flowers,

film de Jim Jarmusch (2005)



Avis général : 7/10
:-) La simplicité assumée, la fluidité de la réalisation, la musique très sympa, les acteurs efficaces.
:-( Un peu facile tout de même. Et la fin ne me convainc pas vraiment.

Il n'y a finalement pas énormément de réalisateurs en qui je fais entièrement confiance pour me donner satisfaction à chaque nouveau film, dont je sais que je ne sortirai pas de la salle décu ou perplexe. Jim Jarmusch fait peut-être pour moi partie de cette précieuse catégorie. Avec sa filmographie assez clairsemée mais éclectique, il a le don de séduire même quand il s'engage dans des voies originales, comme il l'a fait il y a quelques années dans Dead Man.

Ce nouveau film le présentait, à en croire la critique, sous un jour nouveau, avec une intrigue minimaliste et une grande place laissée à l'interprétation tout aussi minimaliste de Bill Murray. Pas de quoi m'attirer énormément a priori, mais après l'avoir vu, je ne suis pas certain que ce Broken Flowers soit si éloigné que ça dans son esprit (film à sketches, ici un peu dissimulé, personnages subtilement croqués en l'espace d'une conversation) de Night on earth, qui reste à ce jour mon oeuvre préférée chez Jarmusch. Quoi qu'il en soit, nous suivons donc un Murray très placide en don Juan Vieillissant, rendant visite à quelques-unes de ses anciennes conquêtes pour retrouver la trace de son fils dont il vient d'apprendre l'existence.

On se fond très rapidement dans l'atmosphère moelleuse du film : une action limitée, un humour léger mais présent, une musique subtilement disséminée à la moindre occasion (y a même un bout du Requiem de Fauré :-) ), des acteurs qui ont l'air tellement bien dans leurs rôles qu'ils ne peuvent que nous séduire, et la réalisation toujours impeccable de Jarmusch. Puis Don commence à reculons son périple, et on prend énormément de plaisir à le voir se laisser faire par Sharon Stone et sa fille gentiment délurée, puis à partager dans une atmosphère indescriptible le repas de deux parvenus coincés. Bien sûr, tout cela est un peu facile, et on se dit par moments que Jarmusch n'a pas forcé son imagination avec ce dernier opus, mais finalement, n'est-ce pas aussi la marque du talent que de savoir fasciner avec un matériau de base aussi limité ?

Il faut toutefois bien admettre que la fin du film n'est pas tout à fait à la hauteur des deux premiers tiers. La dernière visite (non, je ne parle pas de celle du cimetière) est anecdotique et, après une fort belle scène chez une fleuriste, le retour au pays et le dernier chapître de l'enquête de Don sont assez décevants.

Dommage, car le spectateur reste du coup un peu sur sa faim en sortant de la salle. Mais avec tout de même la satisfaction d'avoir passé un bon moment devant l'écran. On sera toujours partants pour aller faire un petit tour du pays (ou plus) avec Jim Jarmusch.

Roupoil, 1 octobre 2005.



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