Brazil,

film de Terry Gilliam (1985)



Avis général : 8/10
Poucentage gozu : 1%
:-) L'univers génial, l'humour sous toutes ses formes, la fantaisie.
:-( Un peu déboussolant par moments.

Et un film culte, un. Un film qu'on m'a conseillé plusieurs fois (en fait, une personne me l'a déjà conseillé un certain nombre de fois à elle toute seule :-) ) et que je me suis enfin décidé à regarder. Peut-être la peur d'être déçu par un réalisateur que je sais capable du meilleur, mais qui ne m'a pas toujours convaincu ?

A première vue, on serait tenté de dire que l'intrigue se déroule dans un futur pas très lointain. Mais est-ce vraiment le cas ? Pas vraiment. On est simplement dans un monde différent du notre, mais également très proche par certains aspects. Automatisation et paperasses y dominent assez paradoxalement. Sam Lowry connait bien ces deux aspects du système en fonctionnaire zélé du ministère de l'Information. Mais le jour où un bug s'insére dans cette mécanique bien huilée, il se retrouve lancé un peu malgré lui dans une folle poursuite qui le mènera jusqu'à la femme de ses rêves. Car Sam compense son manque d'ambition par une propension au rêve poétique assez incongrue dans cet univers.

Difficile de raconter un film comme celui-là, ou même de donner des arguments en faveur (ou pas) du film, regarder Brazil est une expérience surprenante, qui mérite indiscutablement dêtre tentée, mais qui risque de provoquer des réactions très diverses selon le spectateur. Tout de même, un point qui devrait soulever l'unanimité, l'univers recréé par Gilliam est tout simplement génial. Visuellement bien sûr (mais on connait bien désormais l'habileté de Gilliam a inventer un monde à partir de bouts de chandelles), mais pas seulement. Chacun tirera sa leçon de la critique faite de certaines dérives de notre société, mais ce qui me fascine personnellement, c'est la capacité qu'a Gilliam de faire ressortir des fragmenrs d'humanité dans cet univers pourtant destiné à être déshumanisé. Dans les rêves de Sam bien sûr (très belles démonstrations par ailleurs du fait qu'on peut faire de très belles scènes de cinéma de façon simple et presque naïve quand on n'a pas peur du ridicule), mais aussi dans le personnage invraisemblable d'Harry Tuttle, ou même dans le comportement des employés du ministère, qui se précipitent sur la télé dès que le patron a le dos tourné. Gilliam évite ainsi le piège d'un film trop froid, et en insufflant en plus une bonne dose d'humour (et il y a un bel équilibre entre un humour très direct, jouant notamment sur la gestuelle de Jonathan Pryce, et un humour beaucoup plus acide), il rend la première heure du film, où l'on cherche avec Sam une place dans ce drole de monde, absolument fascinante.

Le problème est peut-être que le film fait plus de deux heures, et qu'il peine un peu à maintenir le rythme. Une fois que Sam a trouvé sa dulcinée, il y a un certain temps de flottement, où Gilliam accumule les scènes de poursuite sans avoir l'air de très bien savoir où il veux nous mener (j'en doute, en fait, mais moi, j'avais du mal à le suivre). On se demande même avec une certaine anxiété quelle conclusion il va bien pouvoir donner à cette folle aventure, mais heureusement, il nous ressort un coup de génie de son chapeau pour conclure brillament son film.

Je l'ai déjà dit, mais je le répète, il faut vraiment avoir vu ce film une fois dans sa vie, il a vraiment une atmosphère unique. Il se peut que vous n'aimiez pas, j'irais même jusqu'à dire que je vous comprendrais si c'était le cas, mais il serait dommage de rater un éventuel grand moment de cinéma. Je continue personnellement à lui préférer, du même auteur, l'Armée des douze singes, moins innovant mais plus maîtrisé à mon goût, mais malgré tout, Brazil mérite bien sa réputation.

Roupoil, 23 décembre 2005.



Retour à ma page cinema