Pour ceux qui se plaignaient de ce que je ne critique que des films
"sérieux" sur ma page web, le grand jour est venu : j'ai commencé à
dépouiller la célèbre daubothèque de Fabien Mathieu, ça va faire mal. Et
pour cette première, quoi de mieux qu'un grand classique du genre, du
temps où Peter Jackson faisait des films qui étaient tout sauf grand
public dans sa Nouvelle-Zélande natale ? A le voir, d'ailleurs, on se
demande quelle mouche a bien pu piquer les producteurs hollywoodiens pour
faire tourner Le Seignur des anneaux à un gugusse pareil.
Le scénario (enfin, si on peut appeler ça comme ça) est tout à fait
typique du film d'horreur moyen : un singe-rat féroce est ramené de
Sumatra pour finir dans un zoo, où il mort la mère très envahissante d'un
jeune homme un peu niais. Celle-ci meurt peu après dans d'étranges
circonstances. Enfin, pas vraiment, puisqu'elle se relève aussi sec pour
tenter de bouffer l'infirmière. Le temps d'enterrer sa mère, Lionel, le
héros, se trouve avec quelques zomis planqués dans sa cave.
Tout ça est prétexte à un mélange de scènes comiques et de scènes gore (et
ce n'est pas peu de le dire, Jackson y va vraiment très fort), les deux
étant d'ailleurs tout à fait compatibles. Mais le film n'est pas
franchement parodique pour autant, plutôt joyeusement absurde.
Complètement nanaresque (le comportement des héros est essentiellement
absurde, les acteurs sont mauvais, il y a des incohérences mais on s'en
fout, etc...), mais assumé, et malgré tout très fidèle à l'esprit du film
gore.
Ce qui fait bien sûr l'intrêt du film, c'est que Jackson transcende le
côté serie Z du concept. Dès la scène d'introduction sur ... Skull Island
(ouarf, surtout maintenant que Jackson a fait son remake de King
kong), il y a une ambiance assez excellente qui accroche
immédiatement le spectateur (la musique, notament, est très bonne). Toute
la première demi-heure est d'ailleurs énorme, le début façon comédie
romantique foireuse (où le jeu des acteurs est intégré à la nanritude de
l'entreprise) puis les premières scènes violentes hallucinantes (le zoo
notamment). On se dit à ce moment qu'on est vraiment tombé sur une perle.
Et puis malheureusement, les promesses ne sont pas tout à fait tenues. Il
y a uneterrible baisse de rythme au milieu du film, puis ça reprend tout
de même du poil de la bête grâce à une surenchère de grand-guigol et des
hectolitre de sang sur la fin. On ne peut pas nier une certaine
inventivité dans la longue scène finale (le bébé est marrant, la dernière
version de la mère aux confins du grotesque, et le "zombie-tripe" assez
énorme), mais l'accumulation et la répétition finissent par lasser.
A la deuxième vision, les défauts doivent finir par faire admettre que le
film n'est au fond pas très bon; Mais la première fois, l'effet de
surprise fonctionnant à plein, on se fait avoir joyeusement. Et puis, bon,
je ne résiste pas à l'envie d'être un peu méchant : c'est finalement au
moins aussi regardable que les derniers films de Jackson.
Roupoil, 17 avril 2006.