Je ne suis pas allé énormément au cinéma ces dernières
semaines, mais l'actualité est à nouveau un peu plus intéressante à mon
goût. Il est donc plus que temps de rattraper les films sortis depuis
quelques semaines, dont ce petit film indépendant qui a du attendre de
recevoir une petite brouette de prix dans divers festivals avant de
sortir chez nous, et dont la bande-annonce m'avait plutôt interpellé.
C'est l'histoire de Jack, un garçon qui vient de sortir de prison après
plusieurs années d'enfermement, et qui va essayer de se construire une vie
avec l'aide de Terry. Un boulot, des copains, et même une petite amie,
tout se passe bien pour Jack, même s'il doit garder pour lui le terrible
secret de ce qu'il a réellement commis dans son enfance.
Le film joue vaguement sur le mystère de la raison de la condamnation de
Jack, nous dévoilant petit à petit le passé du personnage lors de
flash-backs un peu appliqués (la plaidoirie lors du procès sonne
curieusement faux). Pourquoi pas, même si le spectateur pas débile en
devine la teneur assez rapidement. Heureusement, le principal sujet le
présent et la réinsertion difficile de Jack, surtout abordée via des
scènes simples mais importantes de la vie de tous les jours, souvent très
convaincantes.
Sans grande surprise, le style est très "film d'auteur", avec ses
clairs-obscurs un peu trop voyants, son image granuleuse et ses flous pas
indispensables, ou ses silences parfois trop marqués. Mais on pardonne,
car le personnage de Jack est très beau, magnifiquement interprété, et
apporte la grosse dose d'émotion nécessaire pour faire passer un point de
vue tout de même très très appuyé : en gros, le pauvre garçon a été une
victime pendant son enfance (le contexte sordide ok, mais était-on par
exemple obligé de souligner les sévices sexuels subits par son camarade
?), mais il est en fait un modèle de gentillesse qui ne demande qu'à avoir
une vie normale. Mieux, il sauve même des vies ! On aurait aimé un peu
plus de nuances (la scène de la discothèque, par ailleurs un brin
longuette, et sa bagarre conclusive auraient peut-être pu être mieux
exploitées).
Bref, ce n'est pas très fin et subtil, mais ça a tout de même l'immense
mérite d'aborder un grand sujet de société : peut-on réellement avoir une
seconde chance quand on a commis un acte impardonnable ? Même si le film
tente d'influencer notre avis, il nous donne suffisamment de grain à
moudre pour alimenter notre réflexion. Et puis ce qui est certain, c'est
que la fin du film est superbe, évitant presque miraculeusement le piège
du pathos larmoyant. Allez, un film qui vaut le coup d'être vu malgré ses
défauts.
Roupoil, 12 mars 2009.