Boy A,

film de John Crowley (2007)



Avis général : 6/10
:-) Un personnage principal fort et bien interprété, un sujet intéressant, et quelques scènes émouvantes.
:-( Un peu trop manichéen, et un poil maniéré quand même.

Je ne suis pas allé énormément au cinéma ces dernières semaines, mais l'actualité est à nouveau un peu plus intéressante à mon goût. Il est donc plus que temps de rattraper les films sortis depuis quelques semaines, dont ce petit film indépendant qui a du attendre de recevoir une petite brouette de prix dans divers festivals avant de sortir chez nous, et dont la bande-annonce m'avait plutôt interpellé.

C'est l'histoire de Jack, un garçon qui vient de sortir de prison après plusieurs années d'enfermement, et qui va essayer de se construire une vie avec l'aide de Terry. Un boulot, des copains, et même une petite amie, tout se passe bien pour Jack, même s'il doit garder pour lui le terrible secret de ce qu'il a réellement commis dans son enfance.

Le film joue vaguement sur le mystère de la raison de la condamnation de Jack, nous dévoilant petit à petit le passé du personnage lors de flash-backs un peu appliqués (la plaidoirie lors du procès sonne curieusement faux). Pourquoi pas, même si le spectateur pas débile en devine la teneur assez rapidement. Heureusement, le principal sujet le présent et la réinsertion difficile de Jack, surtout abordée via des scènes simples mais importantes de la vie de tous les jours, souvent très convaincantes.

Sans grande surprise, le style est très "film d'auteur", avec ses clairs-obscurs un peu trop voyants, son image granuleuse et ses flous pas indispensables, ou ses silences parfois trop marqués. Mais on pardonne, car le personnage de Jack est très beau, magnifiquement interprété, et apporte la grosse dose d'émotion nécessaire pour faire passer un point de vue tout de même très très appuyé : en gros, le pauvre garçon a été une victime pendant son enfance (le contexte sordide ok, mais était-on par exemple obligé de souligner les sévices sexuels subits par son camarade ?), mais il est en fait un modèle de gentillesse qui ne demande qu'à avoir une vie normale. Mieux, il sauve même des vies ! On aurait aimé un peu plus de nuances (la scène de la discothèque, par ailleurs un brin longuette, et sa bagarre conclusive auraient peut-être pu être mieux exploitées).

Bref, ce n'est pas très fin et subtil, mais ça a tout de même l'immense mérite d'aborder un grand sujet de société : peut-on réellement avoir une seconde chance quand on a commis un acte impardonnable ? Même si le film tente d'influencer notre avis, il nous donne suffisamment de grain à moudre pour alimenter notre réflexion. Et puis ce qui est certain, c'est que la fin du film est superbe, évitant presque miraculeusement le piège du pathos larmoyant. Allez, un film qui vaut le coup d'être vu malgré ses défauts.

Roupoil, 12 mars 2009.



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