Parmi les critiques assez dythirambiques de notre chère
presse spécialisée à propos de Borat (non, je ne donnerai pas le titre
complet), c'est celle qui dit que le film est devenu culte avant même sa
sortie. Il faut dire que son parfum de scandale (avec protestations outrés
des autorités kazakhes) et sa bande annonce poilante laissaient présager
un objet cinématographique assez intéressant. Envoyé spécial dans les
salles obscures : votre Roupoil préféré.
Borat vit au Kazakhstan, un pays sympathique où le viol est une sorte de
sport national et le mode de vie plus qu'arriéré. Heureusement, Borat va
pouvoir découvrir un pays moderne et idéal, les Etats-Unis, où il est
envoyé en reportage. Bien sûr, les coutumes locales sont un peu
différentes de ce à quoi il est habitué, mais Borat arrivera à se faire
des amis lors de son périple, et tombera même amoureux d'une vraie
américaine : Pamela Anderson.
Commençons par prévenir ceux qui ont vu la bande-annonce : celle-ci est
quasiment un décalque des premières minutes du film, qui précèdent le
départ de Borat pour les USA, où se déroule la majeure partie du film.
C'est un peu ballot, car les premiers sont du coup forcément désamorcés.
Mais pas de quoi s'inquiéter, les occasions de se marrer seront nombreuses
tout au long du film. Il faut bien le dire, Borat est un sacré comique, et
son acteur-producteur n'hésite pas à aller le plus loin possible dans le
mauvais goût. C'est donc très gras et souvent scatologique, si vous
n'aimez pas le style, fuyez très vite, mais dans le cas contraire, Borat
le manie avec une efficacité assez redoutable.
Ceci dit, on nous promettait avec Borat plus qu'une simple comédie
grassouillette, puisque le film était au dire des critiques une attaque
acerbe contre le mode de vie américain, qui plus est d'une redoutable
intelligence selon certains. Bon, ben soyons sérieux, ce n'est pas le cas.
La très grande majorité des gags sont tout simplement fondés sur des
différends culturels, et n'attaquent essentiellement personne. Certes, par
moments, Borat tente de faire plus subtil et agressif, par exemple la
scène du rodéo ou celle ou celle du stop avec les étudiants, mais pas de
pot, celles-ci ne font pas vraiment rire, et du coup perdent de leur
effet, noyées dans l'hilarité générale. Qui plus est, il faut bien
l'admettre, on se fait un peu arnaquer, car on ne sait jamais ce qui a été
mis en scène et ce qui tient de la réaction spontanée (dommage, car le
concept du reportage bidon est assez bon).
Bref, les passages soi-disant caustiques ressemblent plus à de la
manipulation ratée qu'à autre chose. En ce qui me concerne, je retiendrait
plutôt la farce, énorme, mais c'est ça qui est bon en la matière. On
oubliera aussi généreusement les excès et la réalisation inexistante, qui
n'est de toute façon pas un point essentiel du film.
Roupoil, 23 novembre 2006.