Blow up,

film de Michelangelo Antonioni (1966)



Avis général : 5/10
:-) Une maitrise de la caméra impressionnante. Un aperçu plutôt rigolo du Londres de l'époque.
:-( Des scènes dont on ne voit pas ce qu'elles viennent faire là. Globalement, un manque de sens perturbant.

Ce film restera gravé dans ma méomoire certainement pour toujours, non pas à cause de ses qualités propres, mais des circonstances assez étonnantes de ma première vision de l'oeuvre, ou plutôt de la moitié de l'oeuvre. En effet, j'ai découvert Blow up au Ciné-Club de l'ENS, comme tant d'autres films, mais alors que la séance allait son cours tranquille, une sorte de bouillonnement en bas de l'image attira l'attention de quelques spectateurs attentifs, et accessoirement du projectionniste. Après une petite pause et une analyse des causes du phénomène, il fût admis que continuer à brûler la pellicule coûteusement louée à la Cinémathèque ou assimilée n'était peut-être pas une brillante idée, et je ne sus donc pas le fin mot de l'histoire avant il y a quelques jours.

Blow up, en anglais, cela désigne les agrandissements d'image que le jeune photographe qui est le personnage central du film effectue pour se convaincre qu'en prenant quelques clichés dans un parc il a en fait été le témoin d'un meurtre. Mais ceux qui s'attendent à un suspense trépidant en seront pour leurs frais, car le film n'est pas vraiment le récit d'une enquête à rebondissements, mais plutôt une capture de l'air du temps dans le swinging London des années 60, doublée d'une tentative de réflexion sur l'illusion, l'art et bien d'autres choses.

Antonioni n'a pas vraiment la réputation d'être un cinéaste facile à appréhender, mais Blow up, qui fut son premier film réellement international (et finalement l'un des derniers...), est peut-être plus facile à suivre que sa trilogie italienne. De fait, si on s'en tient en première approche au fil narratif apparent, on a une histoire de meurtre, pleins de jolies filles, de la musique à la mode et des belles voitures. Pourtant, il est manifeste qu'Antonioni n'est pas venu pour nous raconter cette histoire sans arrière-pensées : certaines scènes, comme celles se passant dans le magasin d'antiquités, s'insèrent assez curieusement dans l'intrigue, et pour ceux qui en douteraient encore, la fin pour le moins déroutante laisse penser qu'il y a bien une volonté de réflexion globale derrière le film. Le problème, c'est de réussir à trouver quoi... Je n'ai rien contre les films qui poussent le spectateur à se poser des questions, mais là j'ai vraiment l'impression que les éléments sont trop diffus et pas assez approfondis pour que ce soit réellement stimulant. Le film lance des pistes (sur l'argent, l'art moderne, le rôle des femmes etc), mais n'apporte finalement que bien peu d'éléments, ce qui en ravira sûrement certains, mais en agacera bien d'autres.

En ce qui me concerne, je vais prudemment me placer au milieu en disant que, si ce côté-là du film ne m'a guère convaincu (pour être gentil), je ne peux qu'admirer le travail d'Antonioni niveau réalisation. Cadrages au millimètre, travellings hypnotiques, techniquement, c'est un régal du début à la fin. Et puis bon, il reste quand même un témoignage assez amusant d'une période révolue, qui à défaut de choquer comme ça a peut-être pu le faire à l'époque (oui, certes, on voit presque les seins de Jane Birkin, et il y a des gens qui fument autre chose que du tabac), a gagné en intérêt historique. Pour une approche d'Antonioni, ce n'est pas si mal, car je crains que si vous n'accrochez pas à celui-là, vous vous enfuierez en courant devant les autres.

Roupoil, 26 octobre 2008.



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