Je disais en préambule à ma critique de Bleu
qu'il m'avait fallu bien du temps avant de me décider à vision le premier
volet de la trilogie ultime de Kieslowski. Que dire alors des presque deux
ans que j'ai encore attendus avant de me lancer dans la suite (le seul
volet que je n'avais pas encore vu puisque j'ai débuté avec Rouge
il y a bien des années maintenant) ? On va essayer de faire passer le fait
que j'essaie d'espacer les quelques oeuvres du maitre trop tôt disparu
pour me réserver des découvertes.
Si Bleu était un film purement français, la Pologne joue un rôle
prépondérant dans Blanc. Karol, le héros, est polonais, émigré à
Paris pour y épouser Dominique, une française rencontrée lors d'un
concours de coiffure. Lorsque celle-ci le laisse brutalement tomber, il ne
lui reste plus rien. Il revient au pays de façon assez rocambolesque et y
reconstruit sa vie, sans réussir à oublier son ex-femme.
Pendant un quart d'heure, je dois bien l'admettre, j'ai été un peu surpris
et presque déçu. Beaucoup moins formellement impressionnant que
Bleu, et surtout une histoire et des personnages qu'on a du mal à
cerner, notamment celui de Dominique, trop froide et méchante pour qu'on
la comprenne (Julie Delpy semble ne pas trop savoir comment la jouer,
d'ailleurs). Et puis on se concentre sur Karol, et le film finit enfin par
démarrer.
Une fois en Pologne, on retrouve même un Kieslowski au meilleur de sa
forme. Certes toujours moins léchée que dans Bleu, l'image
rappelle plus celle de ses précédents films et réserve tout de même
quelques belles surprises (la scène fugitive du mariage est magnifique).
Et surtout, une composante presque inattendue fait son apparition :
l'humour. Bien sûr, pas vraiment de la franche rigolade, mais une ironie
assez mordante qui accompagne toute l'ascension (au fond assez peu
crédible) de Karol et rend le film très divertissant.
Sur la fin, Kieslowski revient tout de même à ses classiques en rejouant
la carte de l'émotion, sans vraiment parvenir à nous bouleverser comme
dans ses plus grands chefs-d'oeuvre, mais au moins en nous intrigant grâce
à un final quelque peu inattendu. Au final, un film différent, convaincant
malgré tout, même si certainement moins abouti que les deux autres volets
de la trilogie. Mais bon, un peu de changement ne fait pas de mal de temps
à autre.
Roupoil, 5 aout 2008.