Blade runner,

film de Ridley Scott (1982)



Avis général : 7.5/10
:-) Une ambiance sublime, quelques scènes très réussies et un côté mystique qui change de la production SF habituelle.
:-( Scott se regarde un peu filmer par moments. L'ésotérisme a ses limites.

Il est des films mythiques, dont on ne peut parler sans une sorte de révérence dans la voix, qui ont marqué toute une génération et même plus, et qui semblent de jamais devoir dévoiler tous leurs secrets. Blade runner en est un, et ses multiples versions plus ou moins fidèles à la volonté initiale de Ridley Scott n'y sont certainement pas pour rien, tout comme le monologue assez fumé de Rutger Hauer vers la fin du film. Je ne sais pas exactement quel est le statut de la version que j'ai vu (dernière version éditée pour la sortie DVD si je ne m'abuse, pas de voix off) et surtout je ne me souviens guère quelle était la version que j'avais vue sur grand écrant il y a quelques années (même fin ambiguë en tout cas). J'avoue qu'à l'époque le film m'avait vaguement déçu, mais je me disais quand même qu'il méritait une deuxième tentative.

Dans un futur pas très lointain et très pluvieux, Dackard est envoyé en chasse contre des réplicants, androïdes d'apparence humaine apparemment prêts à semer la zizanie sur cette bonne vieille Terre où ils n'auraient jamais du remettre les pieds. Tout en s'acquittant de sa tâche, le flic un peu usé va tomber sous le charme d'une jeune femme qui est elle-même une réplicante dernière génération. L'occasion pour Deckard de s'interroger sur ses convictions, et pour tout ce beau monde de nous interroger sur la nature humaine, le temps qui passe, et bien d'autres choses.

Ce qui est certain, c'est que ce film, réalisé par l'encore jeune Ridley Scott juste après Alien, est assez éloigné du stéréotype du film de science-fiction à gros budget plein d'effets spéciaux. Des effets, il y en a pourtant, superbes d'ailleurs, mais avant tout au service d'une ambiance très prenante. Le Los Angeles futuriste de Scott est sale, sombre, inquiétant, et pas clinquant pour deux sous, même illuminé par les nombreux engins spatiaux qui le sillonent. Même si le film se déroule sur un rythme assez lent qui laisse un peu l'impression que l'aspect visuel est parfois plus important que le reste, on ne peut qu'admirer le travail effectué, bien soutenu niveau sonore par une musique de Vangelis qui évite de trop envahir l'attention.

Autre aspect non conventionnel, c'est bien sûr le côté très philosophique du scénario, qui tente après bien d'autres de se pencher sur les caractéristiques de la condition humaine. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il est toujours convaincant de ce point de vue (la poursuite finale est plus étrange qu'autre chose à mon sens) mais il réussit quand même à nous intriguer dans le bon sens du terme grâce à quelques scènes prenantes (notamment celles faisant intervenir Rachel, personnage assez émouvant), et la fin (du moins celle que j'ai vue !) hante un petit moment le spectateur.

Il y a suffisamment de points positifs dans tout ça pour que le film soit, incontestablement, une oeuvre à voir (et revoir) au potentiel de fascination certain malgré ses défauts. Mais on peut comprendre qu'il ait reçu à sa sortie un accueil mitigé, tant il est finalement éloigné de la froide mais impressionnante efficacité d'un Alien, que je continue tout de même de lui préférer.

Roupoil, 22 novembre 2008



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