Comme vous le savez, la sortie d'un nouveau film de Darren
Aronofsky est toujours un grand moment pour moi. Apparemment, je ne suis plus
le seul, puisque ce Black swan arrive précéde d'une bonne campagne
de pub, grosse perfomance de Natalie Portman bien mise en avant, et fait même
partie des poids-lourds à l'approche des Oscars. Certainement pas une raison
pour le bouder, d'autant plus que le sujet ne pouvait pas me déplaire.
Le sujet, donc, c'est le lac des cygnes de Tchaikovski. Pas tel quel
évidemment, mais une mise en abyme pas hyper subtile de l'argument du ballet.
Nina est danseuse au ballet de New York et rêve depuis quelques années de se
retrouver en tête d'affiche. À l'occasion d'une nouvelle production du célèbre
ballet de Tchaikovski, sa chance lui est enfin donnée. Mais la pression liée
à ce rôle la détruit petit à petit.
Pas vraiment besoin de connaitre le ballet sur le bout des doigts pour
apprécier le film, même si les connaisseurs apprécieront peut-être un peu
plus le parallèle avec les situations du film. En tout cas, le scénario est
globalement bien ficelé, même si un brin outrancier par moments et franchement
prévisible sur la fin. Côté technique, Aronofsky nous ressort, après The
Wrestler, de la caméra tremblotante et de l'image dégueulasse à tout va.
Très franchement, on se demande pourquoi, si ce n'est pour coller à une
certaine image d'auteur intello, mais ça reste bien filmé et regardable sans
vomir pour un Roupoil.
On reconnait bien sûr ça et là quelques tics de réalisation (les personnages
suivis dans le dos, une marque de fabrique), une utilisation peut-être un brin
abusive de la symbolique du miroir, et tout de même un petit lot de scènes
particulièrement maitrisées (le ballet final n'atteint pas les sommets du
concert de La Double vie de Véronique niveau ambiance glauque et
inquiétante, mais c'est tout de même très bien). Ntalie Portman fait son show
de façon convaincante, et même si Clint Mansell se fait discret niveau
musique, puisqu'on entend surtout du Tchikovski, l'ambiance sonore est
impeccable.
Mais alors, si tout est impeccable pourquoi ne suis-je pas totalement emballé
? Tout simplement parce qu'en faisant un film grand public, Aronofsky semble
tout de même avoir un peu lissé son truc. On ne s'ennuie pas vraiment, mais ça
manque d'intensité par moments. C'est bien foutu, peu criticable, mais on est
loin du coup de poing d'un Requiem for a dream, alors qu'il y avait
tous les élements pour faire très très mal. On se contentera d'un bon film, en
espérant que Darren ne pousse pas plus loin dans le consensuel la prochaine
fois.
Roupoil, 2 mars 2011