Suite de ma soirée "tentative désespérée de trouver deux
films potables à aller voir pour achever ma carte UGC" (oups, je fais de
la pub, pas que je sois un grand fan de l'esprit qui règne dans cette
maison par ailleurs, mais bon, au moins c'est moins cher). N'ayant pas
encore suffisamment développé mon don d'ubiquité, je n'ai en fait guère le
choix, puisqu'il me faut continuer dans le même ciné. Ce sera donc cette
curiosité à l'affiche, euh, intéressante, soi disant la dernière bonne
surprise du cinéma américain indépendant.
La base de l'intrigue vaut son pesant de cacahuètes. Rae est une jeune
fille un peu bizarre, qui aime beaucoup son petit copain, mais qui est
victime de pulsions incontrolables dès qu'il a le dos tourné (en
l'occurence, il s'est engagé dans l'armée, donc pas près de revenir). En
gros, une nympho, dont on apprendra plus tard qu'elle a eu une enfance
difficile, cela expliquant ceci. De l'autre côté, Lazarus, gentil paysan
black bien croyant comme on n'en fait plus que dans les films se déroulant
dans le Sud profond des Etats-Unis. Une particularité tout de même, il fut
animateur de soirées à la guitare dans sa jeunesse. Sinon, son problème à
lui, c'est qu'il vient de se faire plaquer par sa femme. Ce qui devait
arriver arriva, Laz croise Rae (ou plutôt ce qu'il en reste) sur le bord
de la route, et se met en tête de la ramener sur le droit chemin.
On est en droit de craindre le pire, mais on se dit que Samuel L. Jackson
et Christina Ricci sauront bien tirer quelques chose de ces curieux rôles.
On a raison sur toute la ligne. Côté ridicule, on est très largement
servis : plutôt que d'essayer d'analyser un peu ses personnages (il y
avait de quoi faire avec Rae, mais faute d'explications, difficile de
s'attacher à son personnage...), le réalisateur enchaine les clichés (ah,
Laz en marcel sur son tracteur !), le romantisme cucul (ah, la romance
avec la pharmacienne), et le grotesque complet (Christina Ricci passe tout
de même la moitié du film en petite culotte enchainée à un radiateur).
Il semblerait vraiment que le fait de mettre trois notes de blues au bout
de chaque scène justifie les pires excès. Bon, ça a au moins le mérite
d'être suffisamment n'importe quoi pour devenir plutôt marrant à regarder.
Et puis comme dit plus haut notre couple de stars est pas mal du tout.
Jackson a bien la tronche de l'emploi (et plutôt une belle voix, ma foi),
et Ricci, euh, no comment. Avec la bonne musique en plus, on finirait
presque par passer un bon moment.
Enfin, un bon moment certes, mais pas de cinéma, plutôt de guignolitude
totale qui semble tout sauf volontaire. En tout cas, présenter ça comme
une perle du cinéma indépendant me semble une erreur de jugement assez
monumentale. Même aux tréfonds des poubelles à scénario d'Hollywood, on ne
doit pas trouver de trucs pareils.
Roupoil, 17 juin 2007