Big Fish,

film de Tim Burton (2003)



Avis général : 6/10
:-) Burton de retour dans son univers bizarre et féérique, peuplé de géants et autres loup-garous. Certaines scènes vraiment réussies.
:-( On ne rentre jamais complètement dans l'univers en question, l'enchantement ne fonctionnant que par à-coups. Les scènes réalistes sur la relation père/fils sont anodines, et la philosophie globale oubliable.

Séance de rattrapage estivale avec le dernier Burton que j'avais raté à sa sortie. Et une certaine angoisse au vu des critiques mitigées que j'en ai entendues : aura-t-on droit à un retour aux sources après le naufrage de La Planète des singes ? Burton a-t-il renoué avec un style plus personnel qui nous avait valu tant de bons moments il y a quelques années ?

Le scénario, sorti de nulle part, est un soulagement : Edward Bloom est, à l'entendre, l'homme qui a eu la vie la plus passionnant sur cette Terre. D'une sorcière qui lui prédit la façon dont il va mourir à sa rencontre avec des chinoises siamoises lors de la guerre, il semble avoir eu l'étonnante capacité de passer de l'autre côté du miroir à de nombreuses aoccasions. C'est du moins ce que son fils lui a toujours entendu dire. Mais aujourd'hui, alors que l'ami Edward, beaucoup moins fringant désormais, n'attend plus que la visite de Grim Reaper, il aimerait savoir qui est réllement ce père qui s'est toujours caché derrière ses affabulations.

Soulagement donc, voilà une histoire qui va permettre à Burton de s'en donner à coeur-joie niveau fantastiques et personnages farfelus. D'ailleurs, on n'est guère déçu de ce point de vue là. Nul mieux que lui n'aurait pu nous tenir la main dans cette visite de musée des horreurs où l'on croise un géant, un loup-garou, mais également un village enchanté où les habitants symbolisent leur volonté de demeurer pour toujours en suspendant leurs chaussures à un endroit inaccessible. On suit donc les pérégrinations de Bloom dans ce monde de conte de fées sans se faire prier, et même avec un certain plaisir. Et pourtant, il manque comme un petit quelque chose. Certes, l'univers visuel est une fois de plus très réussi, mais on n'y rentre pas aussi parfaitement que dans les précédents films de Burton. Peut-être cette succession de petites scènes fantaisistes entrcoupées de retours au présent nuit-elle à l'homogénéité de l'ensemble. De fait, si par moments on est vraiment transporté (j'ai personnellement beaucoup aimé le passage où Bloom/McGregor "drague" sa future femme, avec passage délirant par la Chine), on se contente le reste du temps de regarder le spectacle, amusé, mais en restant au bord de la route sur laquelle notre héros se déplace vers de nouvelles aventures. Peut-être tout simplement a-t-on passé l'âge des contes de fée ?

Quand au reste du film, les tentatives du fils d'en savoir plus sur la vraie vie de son père, on s'y intéresse finalement peu. D'ailleurs, pourquoi démystifier tout cela par des bouts d'explication plus pesants qu'autre chose ? Pas la peine de prendre le spectateur pour un idiot, il saura très bien reconstituer une vérité plausible à partir des éléments qu'on lui donne, même magnifiés par l'imagination débridée d'Edward Bloom. À la place de quoi Burton détruit consciencieusement cet édifice fantaisiste, pour nous offrir une scène fantaisiste à la mort du vieux Bloom, qui laisse perplexe par son côté larmoyant qui n'arrive pas à toucher le spectateur. Quand au message consistant à nous seriner qu'une vie rêvée peut être préférable à la morne réalité, on s'en serait très bien passé. Pas la peine du moins d'insister aussi lourdement dessus, la scène où la belle-fille de Bloom écoute l'air attendri le vieux radoter une énième histoire loufoque aurait largement suffi.

On ne peut donc pas dire que ce dernier opus du grand Tim soit une parfaite réussite. Et pourtant, on ne peut que se réjouir de le voir renouer avec sa veine fantastique et son univers onirique qui ont fait son succès. On passe malgré tout un bon moment avec ce Big Fish, et on oublie les errements du précédant opus de Burton, en espérant secrètement qu'il retrouvera toute son inspiration pour son prochain film.

Roupoil, 14 août 2004.



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