Pour ceux qui m'ont connu au temps où j'enchainais
Requiem for a dream sur Breaking the waves lors de mes
soirées DVD, il peut paraitre quasiment incongru de me mettre devant un
vieux Disney comme ça tout à coup sans raison. Et pourtant, je vous
rassure, je n'ai pas fait de gamin que je cache à tout le monde, on a
regardé ça tranquillement à deux. Bon, ok, pour être tout à fait honnête,
pour le coup, ce n'est pas vraiment moi qui ai proposé le film, mais je
l'ai quand même regardé de bon coeur.
Bernard et Bianca, donc, sont respectivement concierge et membre éminent
de la SOS Société, une assemblée de souris du mon entier qui vient au
secours des pauvres gens qui le leur demandent. En l'occurence, la petite
Penny, échappée de son orphelinat pour tomber entre les griffes de
personnes pas vraiment recommendables, a bien besoin d'eux. C'est parti
pour une grande aventure épique.
Ce film appartient à l'époque intermédiaire des studios Disney, qui a
suivi la mort du grand Walt (qui supervisa son dernier film à la fin des
années soixante) et précédé l'ère industrielle débutant en gros en 1990.
C'est une période où Disney ne sort encore qu'un film tous les trois ou
quatre ans, avec du vrai dessin fait à la main, et dont bon nombre restent
des classiques indémodables pour les fans. Notons également que
Bernard et Bianca est le seul dessin animé à Disney à ce jour à
avoir eu les honneurs d'une suite au cinéma. Un must, donc ? Très
franchement, je ne partage pas vraiment cet avis.
Non pas que le film ne dispose pas des qualités habituelles des dessins
animés de Disney de l'époque, c'est techniquement assez irréprochable et
même presque novateur (les tableaux du début de film), les personnages
secondaires sont bien trouvés et on a même droit à quelques beaux moments
d'animation, par exemple la scène de l'orgue. Mais quand même, quel manque
d'ambition flagrant ! On a vraiment l'impression que le film a été fait
pour les moins de dix ans, sans tenter de faire quoi que ce soit pour
accrocher le reste du public. Le scénario est convenu et d'une linéarité
totale, il n'y a jamais l'ombre d'un début de suspense ou de surprise, les
méchants sont des caricatures, et même l'humour ou le message (je ne
parlerai pas des chansons, admettons qu'ici la musique sauve le film plus
qu'elle ne le plombe) sont très convenus.
C'est dommage, on a l'impression de voir tourner une énorme machine
formidablement efficace pour accoucher d'une souris, ou plutôt de deux.
Sans aller chercher du côté d'un merveilleux Chihiro, infiniment
plus complexe que ce film, la plupart des dessins animés ou assimilés
d'aujourd'hui sont dix fois plus creusés que ça. Alors un classique oui,
mais un classique franchement minimaliste...
Roupoil, 30 octobre 2008.