Benny's video,

film de Michael Haneke (1992)



Avis général : 5.5/10
:-) Haneke imbattable pour instiller le malaise. Une première heure énorme.
:-( Le film se délite complètement sur la fin. Quel dommage !

Deuxième épisode de ma rétrospective Haneke avec son deuxième film (dingue, non ?), qui à en juger par le résumé au dos de la jaquette, est aussi sympathique que le précédent. Enfin, je vous laisse juger par vous-même : Benny, jeune garçon d'une quinzaine d'années plus ou moins abandonné par ses petits bourgeois de parents (enfin, il vit avec eux, mais ils ne s'intéressent tellement pas à lui que c'est comme s'ils n'étaient pas là), se réfugie dans l'univers de la video, filmant notamment tout ce qui se trouve à portée de sa main. Un week-end de solitude, il ramène une jeune fille chez lui et la tue devant la caméra.

Roh, le vilain Roupoil, il a raconté tout le film !! Eh bien non, pas du tout, puisque le meurtre en question se déroule au bout d'une petite demi-heure de film (le temps de mettre en place le décor) et que ce sont surtout ses conséquences de cet acte qui intéressent Haneke. De loin, en tout cas, on est très proche du thème du Septième continent et son analyse froide et glaçante des dérives de notre socitéé déshumanisée. Là où ça change, c'est au niveau de la construction. Là où le Septième continent nous proposait un crescendo très précis dont le seul but était de s'achever sur un acte irréversible sans se soucier de ce qui se passerait ensuite (certes, il ne peut pas se passer grand chose ensuite).

Cette fois-ci, ça commence fort, et même très fort. La séquence pré-générique (abattage d'un cochon filmé en video) est d'une surprenante brutalité, mais Haneke nous réserve encore nettement pire un peu plus tard avec le meurtre et surtout la séquence où Benny nettoie les traces et contemple son oeuvre, sans conteste possible l'une des scènes les plus dérangeantes et malsaines qu'il m'ait été donné de voir au cinéma. Il n'y a pas à dire, Haneke est très fort pour ce genre de chose, toujours dans son style très sobre et froid bien entendu.

Et puis, donc, il se lance dans la tentative délicate de décrire l'après. Pendant un moment, ça marche tout aussi bien, grâce notamment aux excellentes performances des acteurs (les scènes entre le père, monstre de déshumanisation au rationalisme froid, et le film muré dans son mutisme sont très bien). Et puis tout à coup, presque sans crier gare, le film essaie de s'aérer en Egypte, et s'effondre complètement. On devine bien où Haneke veut en venir dans sa démonstration (le crime, bien que de façon ignoble, a finalement réussi à rapprocher Benny de ses parents, rapprochement qu'il finit d'ailleurs pas refuser), mais c'est long, ça manque d'intensité, bref on décroche et on finit par se désintéresser totalement de la conclusion.

Sentiment mitigé donc pour un film assez frustrant dans la mesure où il démontre une fois de plus la grande maitrise d'Haneke mais se prend les pieds dans le tapis au bout d'un moment. Le potentiel était pourtant là pour faire un très grand film, et je vous conseille quand même de le voir à l'occasion, même s'il est à mon avis loin de valoir en l'état le précédent et premier film d'Haneke, pourtant beaucoup plus méconnu.

Roupoil, 28 août 2008.



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