L'Etrange histoire de Benjamin Button,

film de David Fincher (2008)



Avis général : 7/10
:-) C'est très beau, avec notamment des effets spéciaux impressionnants. Une histoire qui se laisse bien suivre, ponctuée de très belles scènes.
:-( Rien d'extrêmement original dans tout ça, quelques incohérences et autres rebondissement faciles.

On continue notre tour des films oscarisables avec le poids lourd des poids lourds, le dernier Fincher avec ses 13 nominations, ses stars et son budget plus que conséquent. Quelque part, c'est presque une surprise de voir Fincher dans cet exercice, lui qui commença tout de même sa carrière avec quelques films pas vraiment tout public. Mais son oeuvre précédente, Zodiac, avait peut-être déjà amorçé un tournant, et faisait en tout cas déjà preuve d'une attirance pour le film longue durée, confirmée ici avec plus de deux heures et demie à tenir.

Il faut dire que c'est tout la vie de Benjamin Button qui va nous être contée, par la voix de sa petite-fille au chevet de son amour de toujours (à lui, pas à la petite fille). N'allez pas me prétendre que je spoile c'est évident dès le début. Bref, le père Benjamin, outre le fait d'avoir vécu quelques événements majeurs de notre siècle, a eu tout de même la très curieuse particularité d'avoir vécu sa vie à l'envers, c'est-à-dire d'être né vieux et mort jeune. Forcément, du coup, la grande histoire d'amour de sa vie a été vaguement contrariée par des bêtes histoires d'âge pas toujours compatibles.

Le concept de départ est, certes, du jamais vu au cinéma, et a nécessité la mise au point d'effets spéciaux assez sophistiqués, ce qui, ajouté à une reconstitution historique assez poussée, justifie le budget faramineux. Soyons honnête, ledit budget a été plutôt bien utilisé, et le film est visuellement assez inattaquable. Le vieillissement et peut-être encore plus le rajeunissement de Brad Pitt sont impressionnants (quand il déboule à l'écran avec sa gueule d'ado, on croirait vraiment qu'ils ont fait des raccords de ses rôles du début des années 90), et par ailleurs le travail de Fincher sur l'image est toujours intéressant (une scène de bombardement assez impressionnante notamment). Bref, le fameux savoir-faire hollywoodien est bel et bien là, et mine de rien, ça fait plaisir de voir un beau film.

Le (léger) hic, c'est que ce fameux savoir-faire est très présent dans tous les compartiments du film, et qu'il y en a pour lesquels c'est un peu moins enthousiasmant. Notamment au niveau du déroulement de l'intrigue. Le scénario lui-même n'est pas mauvais du tout, mais je ne peux m'empêcher de regretter le mode de narration franchement paresseux (le flash-back, ça commence à bien faire), les rebondissements un peu trop faciles à deviner (sans compter qu'ils arrivent toujours au moment où il faut, comme il se doit), et les personnages secondaires très convenus (même si la mère adoptive de Benjamin est très sympa). Sans compter que la psychologie des deux personnages principaux eux-mêmes n'est pas extrêmement développée. En fait, on sent très bien la patte du scénariste de Forrest Gump : une histoire qui s'étale sur une très longue durée, avec plein d'à côtés limite hors sujet (ok, la guerre tout ça, mais finalement, ça n'apporte strictement rien au film), ce n'est pas du tout désagréable à suivre, mais ça manque un peu d'accroche durable pour être réellement palpitant.

Ceci dit, même s'il y a pas mal de (très joli, rappelons-le) remplissage, Fincher réussit quand même à nous impressionner dans quelques scènes clés souvent déchirantes. Somme toute, on a quand même bien pour son argent avec tout ça. Pas un chef-d'oeuvre, non, mais un bon film qui mérite son statut de classique à peine sorti.

Roupoil, 12 février 2009.



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