Franchement, les décideurs d'Hollywood sont épatants.
Quand on voit la chute de qualité critique dans la série des
Batman (enfin, quand on voit, en ce qui me concerne, c'est façon
de parler puisque je n'ai vu que le premier), revenir au début, il fallait
y penser. Plus intéressant, ils ont même songé à refaire un changement de
casting, et à prendre un jeunot prometteur à la réalisation (un peu comme
Burton à l'époque). On se prend à rêver d'une bonne surprise...
Le scénario se situe donc aux débuts de l'aventure de l'homme-chauve
souris. Il explique même, pendant une assez longue première partie,
comment ça s'est produit. Le croiriez-vous, Bruce Wayne était traumatisé
par la mort de ses parents (ça, on le savait déjà), mais aussi par une
chute dans une grotte infestée de chauve-souris quand il était môme. Un
peu plus vieux, dégoûté par la vie, il traîne dans les bas-fonds, où il
est récupéré par un curieux mentor style maître Jedi qui va lui apprendre
à maîtriser la Force, enfin ses muscles quoi, au fin fond du Tibet. Quand
il va revenir à Gotham où tout le monde le croit mort, ça va chier. Mais
sans se compromettre.
J'avoue, quand j'ai vu dans la bande-annonce cette histoire
d'apprentissage au Tibet, ça m'a un peu refroidi (hi, hi), ça ressemblait
fort à un drôle de mix de choses déjà vues ailleurs. Ben en fait,
Batman begins, c'est tout à fait ça : une sorte de pot-pourri des
classiques du blockbuster. Flashbacks explicatifs répétés, amie d'enfance
qui craque sur lui sans savoir qui c'est, un duel final dans le métro, une
poursuite en bagnole, et cerise sur le gâteau, Morgan Freeman dans le rôle
de Morgan Freeman.
Circulez, y a rien à voir, donc ? Eh bien en fait, pas du tout. Pourtant,
les dialogues sont assez convenus. Pourtant, la réalisation des scènes
d'action n'a rien d'attirant (les quelques scènes de baston sont filmées
de façon tellement épileptiques qu'on ne comprend rien à ce qui se passe).
Pourtant, on attend la moitié du film avant que ça ne commence vraiment à
s'emballer. Ben ouais, mais on aime quand même. Peut-être justement parce
que le produit qu'on nous vend ici est tellement calibré blockbuster qu'on
ne peut pas se plaindre au final d'avoir eu un blockbuster, avec ses
défauts mais aussi ses qualités.
Ce qui fait pencher la balance ici, c'est avant tout l'ambiance inimitable
de la série, rendue différemment de ce que faisait Burton à l'époque, mais
tout aussi efficace ; ce sont les acteurs, tous au poil dans leur rôle
(mention spéciale aux deux principaux méchants) ; c'est l'action qui, à
défaut d'être originale, nous tient bien accrochés à nos fauteuils pendant
deux heures et des brouettes.
J'attendais une bonne surprise de ce film. En fait, bien qu'il n'y ait pas
de surprise, la satisfaction est présente, parfois on passe simplement un
bon moment à s'amuser devant le dernier joujou d'Hollywood, et pour peu,
on en redemenderait...
Roupoil, 27 juin 2005.